Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 11.djvu/527

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


III

La mission saharienne est partie le 23 octobre 1898 de Ouargla ou plutôt de Sédrata, petite oasis, toute voisine de la première, mais plus salubre, aux environs du 32e degré nord. Le 24 février 1899, c’est-à-dire quatre mois après sa mise en marche, elle arrivait à Iferouane, le premier village de l’Aïr, vers le 19e degré ; les deux tiers de la traversée du Sud-Algérien au Soudan avaient ainsi été accomplis. Dans l’Aïr, on se trouvait en contrée de nature propice et facile, habitée par des populations fixes ; mais là surgirent les difficultés politiques ; engluée dans des négociations sans fin, trompée par des promesses sournoises, la mission fut retenue inactive quatre-vingt-dix jours à Iferouane, qu’elle quitta le 25 mai 1899 ; après avoir fait quelques étapes pour se rendre dans les villages plus méridionaux de la même contrée, à Aguellal, Aoudéras, enfin à la capitale Agadez, elle fut de nouveau immobilisée par les mêmes causes, ne pouvant définitivement quitter Agadez que le 17 octobre, près d’un an après être partie des environs de Ouargla ; elle avait été contrainte de rester environ huit mois dans l’Aïr, dont la traversée ne lui eût pas demandé plus de quinze jours à trois semaines, sans les manœuvres dilatoires des Touareg qui y dominent. Elle ne mettait que quinze jours pour se rendre d’Agadez à Zinder, première et fort importante ville du Soudan, où elle arrivait le 2 novembre 1899. En définitive, la marche depuis les environs de Ouargla avait duré moins de cinq mois et l’immobilisation inutile dans l’Aïr plus de huit mois.

Cette durée de cinq mois de marche effective pour la traversée effective du Sud-Algérien au Soudan eût elle-même pu être fort abrégée. Mais, d’une part, il ne s’agissait pas, comme le remarque M. Foureau, d’effectuer un raid ; il fallait étudier le terrain ; la mission fit aussi quelques crochets volontaires qui la détournaient de la direction indiquée. Le 20 novembre, M. Foureau part pour une excursion de quatre jours dans un intérêt géologique pour « retrouver le gisement en place de certains bivalves nouveaux et de vertèbres de squalidés[1]. » Une autre fois, il s’éloigne, avec le commandant Lamy, pour se rendre en

  1. Mission saharienne, p. 37.