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rivière a coulé récemment et c’est elle qui a laissé, en aval, les traces de crues que nous avons constatées. Il paraît que dans son lit supérieur, l’Inara contient des mecheras[1] encore remplies d’eau, » et le lendemain, à la date du 12 décembre : « En ce point, l’eau est à peine à 50 centimètres de profondeur dans le sol et répandue dans tout le lit. La présence de roseaux verts porterait à croire que c’est là un point d’eau permanent. Lamy et Dorian, ayant remonté plus loin le cours de l’Inara, ont découvert, à 6 ou 7 kilomètres en amont du puits d’Inara, une grande mechera pleine d’eau, large de 25 mètres et longue de plus de 200 mètres… De petits poissons sillonnent cet étang qui, par endroits, est bordé de roseaux et de lauriers-roses. Ce petit lac se nomme Taksouri. Son volume a été fortement augmenté par la crue dont il a été question. » Et plus loin, à la date du 23 janvier : « Témassint est une source où l’eau arrive à fleur du sol ; c’est un petit cercle entouré d’un mince liséré d’herbe verte et fine… ; les animaux boivent seuls, entourant la source[2]. » Les eaux, provenant de rivières ou d’écoulemens à la surface, sont indépendantes des puits.

Les reconnaissances du capitaine Pein, qui, on l’a vu, dirigea les convois de ravitaillement de la mission, témoignent aussi de l’existence de cours d’eau ou de lacs en plein Sahara central, sur le plateau même de Tassili et aux environs. Cet officier s’avança jusqu’à Tadent, au-delà du 23e degré, il revint par la Sebkha d’Amagdor et Amguid, route différente et meilleure que celle suivie par M. Foureau. D’après ses récits, « il existe, dans cette région, des localités où l’eau est abondante, où les palmiers poussent vigoureusement. Le capitaine Pein a visité l’une d’elles, qui avait plusieurs kilomètres d’étendue. Il serait possible d’y faire des cultures à l’abri des dattiers. Mais l’insécurité du pays est trop grande, et les Touareg ne se soucient guère de culture pour les autres. Aussi se contentent-ils, le moment venu, de récolter les dattes de leurs palmiers sans prendre aucunement soin de ces arbres[3]. »

De cet ensemble de relations, il ressort que le système

  1. La mechera parait une autre désignation pour une mare. Il serait à désirer que les écrivains sur l’Afrique eussent à la fin de leur ouvrage un lexique des termes spéciaux qu’ils emploient.
  2. Mission saharienne, p. 54, 55, 116.
  3. Comité de l’Afrique française. Bulletin mensuel, juin 1899, p. 177.