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pouvant faire la chose par lui-même. Cependant je lui en ai parlé, et j’ai eu raison de me convaincre de plus en plus des bonnes dispositions qui l’animent : il désire seulement le plus strict secret, et cela ne peut faire la moindre difficulté, parce que, comme vous voyez, il est dans l’intérêt des deux parties également.

Je ne connais pas la personne choisie ; mais comme le P. G… est un homme estimable sur tous les rapports, je pense qu’on peut s’en rapporter à lui, et qu’il répondra à nos vues et aux vœux de tous.

Les bénédictions du Saint-Père ne vous manquent pas, et j’espère qu’elles produiront leurs effets. Du reste mettons toute notre confiance en Dieu, qui est désormais le seul qui puisse nous aider.

Agréez, Monsieur le baron, l’expression sincère des sentimens (très distingués, avec lesquels j’ai l’honneur d’être

de Votre Excellence le vrai serviteur et ami,

L. CARD. LAMBRUSCHINI.


Rome, 4 avril 1833.

Trois lettres du marquis de Foresta rendent compte de sa mission ; la dernière résume les deux autres :


LE MARQUIS DE FORESTA AU BARON DE DAMAS

Rome, le 18 avril 1833.

Monsieur le baron,

Le service des postes se fait en Italie avec une négligence dont les étrangers ne cessent de se plaindre. On m’en avait prévenu : beaucoup de lettres s’égarent, et j’ai tout lieu de craindre que tel n’ait été le sort de plusieurs des miennes, notamment de celle du 25 mars où je vous rendais un compte détaillé de mes opérations touchant la grande affaire que nous avons tant à cœur de mener à bien. Il est donc nécessaire de revenir sur tout cela et de prendre mon récit d’un peu haut.

Les instructions verbales, que peu d’instans avant mon départ de Prague, Robert[1] voulut bien ajouter à celles écrites dont j’étais porteur, me prescrivaient de diriger mes recherches d’abord sur un laïc, ensuite, s’il ne s’en trouvait pas qui réunît les conditions requises, sur un simple ecclésiastique, et enfin, en désespoir de cause, sur Didier[2], ou sur tel autre individu de même robe jugé plus capable encore par les personnes dont l’opinion devait me diriger dans cette recherche.

Cet ordre de marche, je l’ai strictement suivi, et c’est en résultat sur la dernière des trois catégories qu’il a fallu se replier, après avoir échoué dans les deux autres.

Un laïc capable de remplir la tâche délicate dont il s’agit serait de nos jours en tout pays la chose du monde la plus difficile à trouver. Dans tous les cas, ce n’est pas en Italie qu’il faudrait venir le chercher. Les graves

  1. Charles X.
  2. Un Jésuite, célèbre à cette époque comme prédicateur.