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dans les États du Nord, l’ultimatum de Paul Kruger l’a été pour la Fédération impériale. »

L’idée impériale a peu de partisans aussi enthousiastes que Mahan : « Il est à craindre que l’explosion si remarquable, qui s’est récemment produite, d’un sentiment national et de sentimens impériaux dans la Grande-Bretagne et dans ses colonies, ce déploiement de ferveur pour l’union dans les possessions dispersées par toutes les parties de l’univers, n’ait été une surprise désagréable pour le monde entier. Dans cette poussée subite s’est révélée la force du lien formé par le sentiment national de l’unité d’origine et de sang, joint à une irrésistible conviction impériale, impliquant une unité fondamentale de politique. Si les actes suivaient les paroles, si le succès couronnait l’effort, c’était une puissance nouvelle surgissant dans le monde ! La conception flottante de vingt années devenait une réalité ; une réalité bien faible encore et fragile à son début, mais avec quelles possibilités d’avenir ! C’est pour cela sans doute que l’idée impériale a été dénoncée avec une telle unanimité sur le continent. »

Une autre thèse également chère au capitaine Mahan est le retour définitif à l’union étroite des deux branches de la race anglo-saxonne, assurée dès lors pour toujours de la possession du Sea Power. Il avait déjà traité ce sujet dans une étude intitulée : The Possibilities of an Anglo-American Reunion. Il la traita encore dans un autre écrit : The United States Looking Outward, où il dit : « La Grande-Bretagne est sans contredit le plus formidable de nos ennemis possibles à cause de sa puissante marine et des fortes positions qu’elle occupe près de nos côtes. D’autre part une entente cordiale avec ce pays est le premier de nos intérêts extérieurs. Les deux nations cherchent leur propre avantage, ce qui est naturel, mais elles sont dominées aussi par un sentiment de droit et de justice, dérivé des mêmes sources et ayant de profondes racines dans leurs instincts. Des malentendus temporaires peuvent surgir entre elles, mais le retour aux principes communs de droit suivra certainement. Une alliance formelle est hors de question, mais une reconnaissance cordiale de la similitude de caractères et d’idées donnera naissance à la sympathie qui à son tour facilitera une coopération utile à l’une et à l’autre. La sentimentalité est faible, mais le sentiment est fort. »