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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/675

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dernier quart du XIXe siècle. De 1800 à 1870, le rapport de 1 poids d’or pour 15 poids et demi d’argent, constitué par notre loi monétaire de germinal an XI, n’avait pas été altéré d’une façon très sensible sur le marché libre des métaux précieux. On y avait bien constaté certaines oscillations appréciables, notamment lors de la découverte des riches placers de Californie. Mais elles se traduisaient par des écarts d’un quart, d’un demi pour cent. Au contraire, à partir de la réforme monétaire allemande, qui fut le signal d’une époque nouvelle, la rupture d’équilibre entre les deux métaux, que l’humanité, pendant une période récente, avait acceptés avec une égale faveur, apparut soudain à tous les yeux. Le kilogramme d’argent, qui valait 222 francs en 1870, tomba, dès 1876, à 193 francs ; ou, pour employer la notation la plus usuelle eu cette matière, celle du marché de Londres, l’once standard, c’est-à-dire un poids d’environ 31 grammes à onze douzièmes de fin, tomba de 61 pence (environ 6 fr. 40) à 53 pence (environ 5 fr. 55). Le mouvement ne fit que s’accentuer, en dépit de plusieurs arrêts et de quelques légères reprises qui coïncidèrent avec certaines mesures législatives des Etats-Unis dont nous parlerons plus loin : l’once standard est aujourd’hui cotée à Londres aux environs de 22 pence, ce qui correspond à un prix d’à peu près 80 francs pour le kilogramme à mille millièmes de fin. Le métal blanc a presque perdu les deux tiers de la valeur que lui assignait la loi de germinal. D’autre part, la production annuelle en a augmenté d’une façon constante et se maintient encore au niveau le plus élevé que l’humanité ait connu, aux environs de 5 millions et demi de kilogrammes. En voici la progression depuis un quart de siècle, d’après le rapport du directeur de l’Administration des monnaies et médailles :


kilogrammes.
1876 2 107 325
1881 2 457 786
1886 2 901 826
1891 4 226 427
1896 5 232 021
1902 environ 5 500 000

Cette progression se constate en dépit de la restriction de plus en plus étroite des débouchés monétaires. Il est donc naturel qu’elle ait été accompagnée d’une baisse incessante du métal. A cet égard, il est intéressant d’examiner quelle est l’importance de la consommation industrielle ; l’augmentation de