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certaine pour répartir les frais de l’entreprise entre les deux métaux, et dégager le prix coûtant de chacun d’eux.

Même dans le cas de mines produisant exclusivement de l’argent, il faut faire une distinction suivant qu’elles sont situées dans des pays à étalon d’argent, comme le Mexique, ou sur le territoire de nations qui sont régies par l’étalon d’or, telles que les Etats-Unis d’Amérique ou l’Australie. Dans le premier cas, les dépenses de l’entreprise se règlent au moyen du métal produit, sauf celles qu’occasionnent, dans certains cas, le paiement d’un état-major qui réside à l’étranger et l’importation de machines venant de pays qui n’ont pas l’étalon d’argent : dès lors, ce n’est que l’excédent de la production au-delà des frais, c’est-à-dire le solde bénéficiaire de l’exploitation, dont la valeur varie en raison des fluctuations du métal. Au contraire, dans les pays à étalon d’or, les dépenses, salaires, acquisitions de toute sorte, subissent dans leur ensemble le contre-coup de ces fluctuations, ou plutôt modifient la proportion de métal blanc nécessaire pour les couvrir, proportion qui doit être déduite de la somme totale de la production, pour faire apparaître le bénéfice net. La complexité du problème est infinie ; il ne peut être résolu dans les termes où nous l’avons posé, c’est-à-dire pour l’ensemble de la production. Seule, l’expérience nous apprendra, pour chaque mine envisagée séparément, le cours du métal au-dessous duquel elle ne peut plus réaliser de bénéfice ; et encore cette expérience ne sera-t-elle pas toujours immédiate : on sait que bien des entreprises industrielles, et les entreprises minières plus que toutes les autres, ne cessent pas de travailler à l’instant où elles cessent de réaliser des profits : elles continuent, souvent pendant plusieurs années, une exploitation qui les met en perte, plutôt que de fermer leurs chantiers, de renvoyer leurs ouvriers, de laisser l’eau envahir leurs puits : elles gardent l’espoir d’une amélioration ultérieure des prix qui leur permettra de retrouver des temps prospères ; un arrêt brusque les condamnerait irrévocablement ; ce n’est souvent qu’au bout d’une longue période que convaincues de l’inanité de leurs espérances, elles renoncent définitivement à la lutte pour l’existence. Peut-être verrons-nous, durant les prochaines années, se fermer un certain nombre ; de mines d’argent : c’est alors seulement que nous pourrons trouver, dans la diminution de production, une raison d’arrêt de la baisse ou peut-être même de reprise des cours.