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de mon allégresse ; je chanterai ton nom, Dieu très haut ; mes ennemis reculent, ils chancellent, ils périssent devant ta face, car tu soutiens mon droit et ma cause ; tu sièges sur ton trône en juste juge. » Il crut entendre dans ces paroles la promesse d’un succès prochain, et son cœur se rassura.

On n’était pas sans inquiétude à Vienne sur le résultat du vote : le Hanovre, le Wurtemberg, la Hesse-Darmstadt étaient sûrs ; mais Beust paraissait moins ferme ; il avait regretté que l’Autriche n’eût pas accepté d’aller avec réserves au Congrès et il ne goûtait pas la demande de mobilisation. On ne savait que penser de Pfordten, sur lequel Bismarck comptait. Ces appréhensions ne furent pas justifiées : le 14 juin 1806, la Bavière et la Saxe votèrent la mobilisation de quatre corps d’armée avec le Hanovre, le Wurtemberg, et la motion autrichienne réunit neuf voix contre six. L’envoyé prussien Savigny déclara que pour son gouvernement ce vote consommait la rupture de la Confédération, que sa mission était dès lors terminée. Et il se retira. Bismarck imita le procédé qui avait réussi au prince Louis-Napoléon en 1852. Le prince avait évoqué contre l’assemblée réactionnaire le suffrage universel encore saignant de sa récente mutilation ; Bismarck souleva contre la Diète héraldique et fermée le flot du sentiment national, jeta dans les masses son projet de Parlement allemand issu du suffrage universel, déjà communiqué à ses confédérés, en y joignant force vitupérations contre cette Diète, qui avait été pour l’étranger la garantie de la faiblesse et de l’impuissance de l’Allemagne.

La Diète ne courba pas la tête sous l’outrage : elle décréta l’exécution fédérale contre la Prusse (16 juin) et en chargea l’Autriche et la Bavière. Pfordten, trompant définitivement les espérances de Bismarck, accepta le mandat (17 juin).

Sommation fut faite à la Saxe, à la Hesse électorale et au Hanovre d’accepter dans les vingt-quatre heures l’alliance prussienne fondée sur la neutralité non armée, alors même que la Diète ordonnerait la mobilisation et la convocation d’un Parlement allemand. Mensdorff avait déjà envoyé le prince Solms au roi de Hanovre pour lui promettre son assistance contre l’attaque de la Prusse, s’il voulait armer pour l’Autriche ; il avait excité sa colère en lui racontant que Bismarck s’était assuré l’appui de la France par la promesse de lui céder la rive gauche du Rhin ; le roi, tout en détestant la Prusse et sa politique, aurait voulu