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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 15.djvu/144

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contenir à la fois tous les vaisseaux français et tous les galions. Mais demeurant persuadé que l’ennemi, croisant encore à l’entrée du golfe de Gascogne, lui en interdirait les approches, l’amiral crut devoir chercher, sur le littoral de l’Océan, le point où il irait prendre terre.

A une faible distance au sud du cap Finisterre, et par suite relativement proche encore de Passages, la baie de Vigo semblait se présenter à la fois comme un lieu de débarquement facile et comme un bon refuge momentané. Les galions du Brésil y abordaient quelquefois. L’armée navale espagnole s’y était retirée l’année même où Château-Renault l’avait vainement cherchée sur les Açores et les batteries construites à cette époque devaient, prétendait-on, subsister suffisantes pour en assurer la défense. Enfin la ville de Vigo, située dans un pays fertile, offrait, disait-on encore à l’amiral, toutes les commodités voulues pour le ravitaillement. Telles furent les raisons qui le déterminèrent à y conduire la flotte de Neuve-Espagne. Le 22 septembre, elle mouillait sur cette rade, où elle allait bientôt s’engloutir.


VIII

Préservée des violences de l’Océan par les îles Bayona, qui en protègent l’entrée, abritée des vents par les montagnes qui l’entourent, la baie de Vigo, présentant au sud-ouest une large ouverture, s’enfonce directement dans les terres sur une longueur d’environ quarante kilomètres. Alors et pendant un instant ses deux rives se rapprochent, pour ne laisser entre elles qu’un étroit passage ; puis, s’élargissant comme en un nouveau bassin, cette baie se redresse tout d’un coup vers le nord. Sur le rivage méridional de la première des deux rades, la place de Vigo s’élève en amphithéâtre au flanc d’une colline, tandis que plus loin, par-delà le défilé, sur le même bord de la seconde, la ville de Redondela se cache dans un profond recoin. C’est devant Redondela que Château-Renault mouilla la flotte : les galions tout près de terre, couverts par les vaisseaux du Roi[1].

Bientôt arrivèrent sur les lieux le prince de Barbançon, capitaine général du royaume de Galice, et l’ingénieur français

  1. Château-Renault à Pontchartrain, 27 septembre 1702. — Archives de la Marine.