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La découverte d’immenses gisemens de phosphates qui, de Gafsa, au sud de la Tunisie jusqu’à la province d’Alger, s’étendent sur une longueur de plus de 400 kilomètres, peut être le point de départ de progrès considérables pour l’agriculture algérienne, et elle a déjà donné naissance à un trafic intérieur et extérieur très important. On ne saurait trop se féliciter de cette merveilleuse trouvaille ; déjà on commence à oublier les abus qui ont marqué les commencemens de l’exploitation et à voir paraître des capitaux français qui peuvent recevoir une rémunération convenable en Algérie, au lieu d’aller s’égarer en Chine, dans l’Amérique du Sud ou dans certaines entreprises, si aléatoires, du Transvaal ou d’Australie. Il appartiendrait au gouvernement général de faire connaître ces richesses trop ignorées en France, par une publicité large et non point limitée à peu près exclusivement à la capitale. L’Algérie a déjà donné un bénéfice très appréciable aux capitaux engagés dans certaines exploitations minières et il semble que l’on peut espérer encore de fructueuses entreprises. Des gisemens d’antimoine, sur le chemin de fer des Ouled Rhamoun à Aïn-Beida, sont depuis longtemps signalés ; l’existence de la houille a été constatée à Bou-Saada et vers Igli, et, paraît-il, celle de sources d’huiles minérales dans le Dahra. Se trouvera-t-il quelqu’un pour apprécier et faire connaître la valeur de ces minéraux et des capitalistes français pour en tenter l’exploitation ?

Parmi les autres richesses naturelles, il faut citer le sel, si abondant sur les hauts plateaux et dans le Sud, qu’on s’inquiète à peine de son exploitation. L’emploi de cette substance est cependant tout indiqué dans les usines de salaisons et les pêcheries qu’on trouve sur la côte, particulièrement poissonneuse. Celles qui existent sont presque toutes, comme la pêche elle-même, entre les mains d’Italiens ; c’est là sans doute la raison pour laquelle les ateliers de salaisons d’Oran, — le fait est constaté dans un document officiel, — n’employaient, en 1891, que de l’huile provenant de Bari, alors que la Kabylie et les environs de Tlemcen en produisent abondamment. Ici l’autorité algérienne a des moyens d’action dont elle est tenue d’user : la surveillance de la pêche est le premier de ces moyens, et elle se pratique d’une manière très insuffisante. Lorsqu’en 1888, la pêche côtière a été réservée aux nationaux, beaucoup d’Italiens se sont fait naturaliser, mais un grand nombre d’entre eux ont préféré conserver