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une part honorable, à cause du dévouement calme, patient, intelligent et courageux que vous avez montré depuis quatre mois, et auquel tout le monde rend justice.

J’espère donc que vous serez à Toulon ou à Marseille dans la première quinzaine d’août ; j’y arriverai quelques jours avant vous, et j’y ferai vos logemens, j’y recevrai vos instructions, et ensuite je vous précéderai partout sur la route, pour faire exécuter vos ordres, préparer les repas de corps, en un mot, vous rendre les services civils qui sont de ma compétence. J’attendrai, du reste, pour me mettre en mouvement, que vous me le fassiez dire ; le Prince royal m’en exprimait le désir avant-hier ; néanmoins, j’attendrai.

Quant à l’offre toute gracieuse que vous me faites, je ne désire rien ; mais tout souvenir de vous me sera cher. Réservez seulement, pour ceux qui vous aiment moins que moi, les cadeaux dispendieux et les souvenirs magnifiques…


Paris, vendredi 23 juillet 1841.

C’est tout à fait au hasard que je vous écris, mon cher Prince, car je ne sais en vérité où vous trouvera cette lettre ; mais j’espère que ce ne sera pas en Afrique. Hier, le Roi a annoncé au salon que l’ordre de rappel de votre régiment était parti le 17 de ce mois. Je m’attends donc, chaque jour, à être délicieusement réveillé par la nouvelle de votre retour. Les navires qui vont vous chercher, en les supposant mauvais marcheurs, seront pourtant facilement rendus à Alger avant le 25. Il se passera deux ou trois jours avant votre embarquement complet, une huitaine avant votre arrivée à Toulon ; tout cela nous conduit aux premiers jours d’août. J’ai donc raison d’espérer que vous ne recevrez pas cette lettre à Alger ; mais alors, quand elle vous parviendra, tous ces calculs de notre impatience vous paraîtront bien fastidieux et je les abrège, si toutefois vous ne les trouvez pas déjà horriblement longs.

Adieu, mon cher Prince, où que vous soyez, recevez mes félicitations.

Appelez-moi à vous, et j’accours au premier mot. Je vous remercie bien sincèrement de votre dernière lettre ; ces témoignages de votre amitié me touchent jusqu’au fond du cœur, et je vous sais un gré infini de les avoir ainsi multipliés, car j’en suis avide. Adieu. Les camarades et professeurs vous remercient