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le séjour en soit agréable. La géographie, comme la topographie, avait favorisé la Suisse ; elle a eu le mérite d’en profiter par la bonne organisation de ses hôtels, de ses moyens de communication et des différentes parties de l’industrie du tourisme.

En 1899, on comptait en Suisse 1 896 hôtels pour étrangers, dont 951 ouverts toute l’année et 945 seulement pendant la saison. De ces hôtels, 490 avaient moins de 20 lits ; 1 204 avaient de 20 à 100 lits ; 202 dépassaient ce chiffre. Ils disposaient ensemble de 104 876 lits de voyageurs, — dont 62 686 dans les seuls établissemens de saison, — plus 12 279 lits de réserve, — dont 7 734 dans les établissemens de saison — et 37 299 lits pour les familles ou le personnel ; soit un total général de 154 454 lits. Quand moins de 28 pour 100 des lits ont été occupés constamment, la saison est réputée mauvaise. Elle devient bonne quand ce chiffre s’élève à 32 pour 100, excellente dès qu’il dépasse 36 pour 100. C’est le cas qui se produit quand la saison se prolonge un peu tard. Bénéfice de septembre, bénéfice net : ont coutume de dire les hôteliers suisses. Mais, même sans la prolongation aléatoire de septembre, les lits des hôtels suisses ne manquent pas d’occupans, puisqu’en 1899, — année bonne, il est vrai, car le coefficient d’occupation était de 34 pour 100, — le nombre des touristes en Suisse a été d’environ 2 559 000.

Cette prospérité des hôtels de la Suisse est due à bien des causes, mais surtout à leur situation topographique, à leur propreté, à leur bon marché et à leur bonne organisation.

D’abord, ils sont en général bien situés, en dehors des agglomérations, en face de beaux panoramas, recevant à Ilots l’air et la lumière, munis de terrasses et de vérandas, souvent en pleine campagne et à de hautes altitudes. Sur 1 890, 673 sont à une altitude de plus de 500 mètres ; 531, à plus de 1 000 ; 34 dépassent 2 000. Ces derniers, sauf 2, sont tous des établissemens de saison, comme la grande majorité du reste de ceux situés à plus de 1000 mètres. Ainsi, au grand air, au milieu des prairies, des forêts, des eaux vives, parfois tout près des neiges éternelles, non seulement la vue est charmée, mais la cure d’air, le délassement physique et moral s’opèrent naturellement.

La propreté extrême des hôtels y aide puissamment. Dans la plupart d’entre eux, l’ameublement est sommaire, mais confortable et hygiénique, l’eau à discrétion, le linge abondant et irréprochable. Après le départ de chaque voyageur,