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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 15.djvu/897

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Votre cœur est plus frais que celui des lis gais
Et de la jeune abeille,
Mais un jour, vos chers poings ardens et fatigués
Presseront votre oreille,

Ce sera le geste âpre, aride, épouvanté,
Qui s’irrite et qui jure,
Dont j’ai, à chaque fois qu’est revenu l’été,
Déchiré ma figure ;

Pareille à vous, j’étais, dans le matin uni
D’une faiblesse extrême,
Quand je me suis blessée à ce mal infini
Qui nous vient de nous-même,

Et peut-être aurez-vous, un jour proche et doré,
Cette ardente secousse,
Puisque tout mon passé est malgré vous entré
Dans vos veines si douces…


Cesse MATHIEU DE NOAILLES.