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supportée en commun, avait quelque peu modifié chez les uns et chez les autres cette sorte de froideur mutuelle ; et l’on peut constater que les incidens regrettables qui se produisirent dans la suite à Tien-Tsin et sur d’autres points ne furent point le fait de soldats appartenant aux contingens de la première heure. En effet, un bataillon anglais tout entier, celui qui, sous les ordres du général Frey, avait pris part, le 16 août 1900, avec un bataillon russe, au combat qui eut pour résultat la délivrance de la mission du Pétang, cantonna côte à côte, pendant plus d’un mois, avec les troupes françaises et russes, sans que ce contact journalier amenât le moindre conflit. L’exemple d’une bonne confraternité militaire était donné et, successivement, l’on vit des détachemens de troupes japonaises, allemandes, autrichiennes et italiennes briguer l’honneur de venir se grouper autour de la colline Meï-Shan, sur des emplacemens désignés par le général français et, spectacle unique, les drapeaux de tous les alliés flotter au haut de cette colline, visibles de toutes les parties de la capitale chinoise, réunis en un seul faisceau, comme pour attester cette confraternité et la solidarité internationale des Puissances.


III. — AMÉRICAINS

Les soldats de la « libre Amérique » qui participèrent aux premières opérations contre la Chine étaient pour la plupart tirés du corps d’occupation des Philippines, rude école pour le soldat comme pour l’officier, analogue à ce que fut jusqu’à ces dernières années notre corps expéditionnaire du Tonkin où, au cours des actions de guerre incessantes : marches, escarmouches, alertes, combats, etc., rendues si pénibles par les conditions difficiles, comme sol et comme climat, dans lesquelles elles sont exécutées, l’intelligence se développe, les caractères se forment, les courages se trempent fortement. Aussi, à côté de quelques jeunes gens imberbes, d’apparence débile et qui, prompts au découragement, — ainsi que le constatent les rapports mêmes de leurs officiers, — allaient bientôt être semés sur la. route dans la marche de l’armée internationale de Tien-Tsin sur Pékin, il était aisé de reconnaître dans le contingent américain nombre de vrais soldats de carrière, dont quelques-uns avaient la tête déjà grisonnante, hommes vigoureux, de manières rudes et à