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été obligés d’entretenir des rapports et des correspondances sur le continent… »

L’échange des courriers était lent entre Londres et Pétersbourg. Les accords ne furent complets qu’au printemps. Le traité fut signé à Pétersbourg, le 11 avril 1805. « Ce traité, dit Alexandre, doit être considéré comme la pierre angulaire de l’édifice qui va s’élever par les soins communs de la Russie et de l’Angleterre pour la prospérité de l’Europe. » Il fut en effet, comme le moule de tous les autres, celui de Bartenstein en 1807, ceux de Kalisch et de Tœplitz en 1813 ; il en donne le prototype, il en trace la méthode, et il en découvre tout l’esprit. Les alliés formeront une ligue de 500 000 hommes effectifs, afin d’amener « de gré ou de force, le gouvernement français à souscrire au rétablissement de la paix et de l’équilibre de l’Europe. » L’Angleterre fournira ses flottes et un subside annuel de 1 250 000 livres sterling par 100 000 hommes. La Russie s’engage à porter 60 000 hommes sur la frontière d’Autriche, 80 000 hommes sur les frontières de Prusse, plus des corps de réserve et d’observation. L’Autriche sera invitée à adhérer à l’alliance et touchera, dès son adhésion, un million sterling, à titre d’entrée en campagne. La Prusse recevra la même invitation, sauf, si elle refuse, à voir les alliés faire cause commune contre elle, ainsi que contre tout État qui, « par l’emploi de ses forces ou par une union trop intime avec la France, prétendrait élever des entraves essentielles au développement des mesures » que prendront les alliés. L’Espagne et le Portugal seront invités au concert dans les trois mois qui suivront l’entrée en campagne. La Suède est comprise dans le traité. L’action commencera dès que l’on pourra opposer à la France une force active de 400 000 hommes, savoir : 250 000 Autrichiens, 115 000 Russes, plus les Napolitains, Hanovriens, Sardes et Anglais.

Des bases ostensibles de pacification seront notifiées à Napoléon, savoir : « une barrière entre la France et l’Italie, une barrière entre la France et la Hollande, la neutralité et l’indépendance absolue de la Suisse entière, de la Hollande, de l’Italie et de l’Empire germanique, » c’est-à-dire l’évacuation de ces pays par les troupes françaises. Mais ce n’est là qu’un minimum, ce ne sont que des bases de négociation susceptibles de développement selon les circonstances. Il est très vraisemblable que Napoléon ne les acceptera pas ; mais, s’il les accepte, ou si toute autre