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20 septembre 1900 qu’un décret bienfaisant, mais tardif, constitua les « pays et protectorats du Tchad » en un territoire autonome, avec budget spécial.

Le rapport sur le budget des colonies pour l’exercice 1901[1], présenté par M. Le Myre de Vilers, est très explicite à cet égard : le budget du Congo est en déficit chronique, malgré « une subvention annuelle de deux millions et d’énormes crédits supplémentaires. Le sol manquerait-il de fertilité ? l’insalubrité serait-elle plus grande que dans les colonies voisines ? La cause en est tout autre : Brazzaville a été choisie comme le point de formation et de départ des expéditions qui vont à la conquête de l’hinterland africain, à plus de 3000 kilomètres dans le Nord, et le département, ne voulant plus demander au Parlement les crédits nécessaires, a rattaché les dépenses au budget local, qui succombe sous le faix. » Cette conduite paraissait d’autant plus maladroite que, par l’octroi même des concessions, l’État s’était implicitement engagé à régulièrement administrer les territoires concédés ; et le rapporteur proposait la dissociation, tout au moins budgétaire, du Congo et du Chari, qui fut réalisée deux mois plus tard.

Mais cette dissociation supposait que, tout en continuant l’occupation des pays du Tchad, on pourvoirait le Congo proprement dit des ressources nécessaires à son développement particulier ; une subvention de 500 000 francs, portée au budget de 1902, devait, pensait-on, y suffire ; le rapporteur du budget des colonies pour 1902, puis pour 1903, M. Bienvenu Martin, a constaté cependant qu’elle était trop faible, puisqu’il l’a fait élever à 700 000 francs pour cette dernière année. Il est vrai que, d’autre part, le Chari possédait sa dotation indépendante, mais, pour ne pas grossir trop visiblement le budget d’ensemble du ministère des Colonies, on avait imposé au Congo des économies à tout prix, des économies telles qu’elles ont fini par coûter fort cher. Les milices ayant été ridiculement réduites, la police n’étant plus faite, la sécurité fut bientôt moindre dans les régions censées depuis longtemps soumises que dans celles de l’Oubangui et du Chari ; des séditions éclatèrent, des agens de plusieurs factoreries furent massacrés par les indigènes, et l’on dut expédier « deux, puis trois et quatre compagnies de Sénégalais, de telle sorte que le Congo français,

  1. Documens parlementaires. Annexe à la séance du 10 juillet 1900, n° 1856 ; voyez p. 187.