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d’une netteté et d’une magnificence incomparables. Elle est moins apparente dans ces formes vagues que le météore affecte quelquefois dans nos pays, et qu’on appelle des aurores à lueurs. Celles-ci se montrent, en effet, comme un simple voile laiteux sur le ciel, comme une faible nuée lumineuse.

On a vu que les aurores faisaient défaut au voisinage immédiat du pôle. Elles deviennent abondantes au-dessous du cercle polaire. Mais il ne faudrait pas les croire spéciales à ces régions. Il n’en est rien. On les observe partout, sous toutes les latitudes. Il n’y a d’exception que pour la zone torride ou, plus exactement, pour une bande d’une vingtaine de degrés de part et d’autre de l’équateur. A la vérité, les aurores sont plus fréquentes à mesure que l’on s’élève en latitude. En Europe, elles sont rares au sud, plus fréquentes au nord ; leur nombre moyen est de 28 par an. Elles deviennent presque quotidiennes dans une région plus septentrionale, comprise entre les latitudes de 60° et de 80° : — mais, au delà, c’est-à-dire dans la région polaire ou glaciale proprement dite, elles se montrent de plus en plus rares. — En prenant les mots dans leur sens précis, on devrait dire que la zone des aurores est la zone tempérée (latitudes 23°-67°), et, pour préciser davantage, la partie la plus septentrionale de la zone tempérée.

Voilà pour l’hémisphère Nord. Pour l’hémisphère Sud, la zone des aurores est encore bien plus éloignée de la zone polaire. — Il en est ainsi, comme l’on sait, pour tous les élémens météorologiques, comparés dans les deux moitiés australe et boréale de la sphère terrestre. Les glaces flottantes, les lignes d’égale température, descendent bien plus près de l’équateur, dans la partie méridionale du globe que dans la partie septentrionale.

Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, on ne connaissait pas les aurores australes, ou du moins, l’attention des savans ne s’y était pas fixée. Elle ne s’y attacha qu’après le voyage de la Commission envoyée par l’Académie des sciences au Pérou pour la mesure d’un arc de méridien, en 1745. Antonio de Ulloa, qui accompagnait la mission française, fut témoin, en doublant le cap Horn, de spectacles de ce genre. On a retrouvé plus tard des mentions plus anciennes datant de 1640, 1708 et 1712. W. Boller, qui a relevé toutes les observations faites dans l’hémisphère austral, en a trouvé 1 582 se rapportant à 791 aurores.