Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La discussion savante à laquelle il s’est livré lui a permis de conclure que les aurores étaient aussi fréquentes dans l’hémisphère Sud que dans l’hémisphère Nord.

Depuis ce temps, on distingue donc les aurores polaires en boréales et en australes, suivant qu’elles sont observées dans l’une ou l’autre moitié du globe. Les Allemands emploient pour les désigner le nom de c’lumière polaire » (Polarlicht) et ils disent « lumière du Nord » et « lumière du Sud » (Nordlicht, Südlicht) pour l’un ou l’autre hémisphère. Les Américains disent, de même, « Northernlights » ou encore « Streamers. »

D’une façon générale, l’aurore polaire est un phénomène nocturne. On ne peut l’apercevoir pendant la durée du jour. Les catalogues en citent à peine sept ou huit qui auraient été observées entre le lever et le coucher du soleil, et encore, était-ce dans des pays septentrionaux, pendant l’hiver, dans une période de faible clarté. Les aurores ne s’accommodent même pas de la concurrence de la lumière lunaire : les plus brillantes sont noyées par l’éclat de la pleine l’une ou seulement du premier quartier. — Il y en a donc fatalement un très grand nombre qui échappent à l’observation. Les répertoires, quoique déjà très riches, sont nécessairement incomplets. En un mot, les phénomènes auroraux atteignent un degré de fréquence tel que leur étude s’impose, non pas seulement à titre de jeux de la nature exceptionnels, mais à titre d’élémens météorologiques habituels et normaux.


Les aurores polaires ont donné lieu à un nombre infini de publications, notes, communications de toute espèce : chaque jour en apporte de nouvelles. Parmi les traités généraux qui ont résumé, aux diverses époques, l’état de nos connaissances sur cet objet, le plus ancien est celui de de Mairan, qui a été publié en 1731 dans les Mémoires de l’Académie des sciences, et qui a paru, en ouvrage à part, en 1733. Ce « Traité physique et historique de l’aurore boréale » est un document fondamental. — Alexandre de Humboldt dans son Cosmos et Fr. Arago dans son Astronomie populaire ont fourni le résumé des notions que l’on possédait à leur époque, sur ce sujet. — Un document très important, intitulé : Aurores boréales, fait partie de la collection des voyages exécutés par la commission scientifique du Nord sur la corvette la Recherche. Il contient les observations,