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parties. Il semblerait que l’arc, le ruban ou la draperie sont par courus d’une extrémité à l’autre par une ondulation brillante. Et c’est bien là aussi ce que l’on aperçoit dans la réalité. Mais ce n’est pas tout. La mobilité de ce feu changeant est poussée plus loin. Les rayons eux-mêmes qui forment la trame de cette étoffe ondulante sont animés d’une sorte de frémissement ; ils sont parcourus par une vibration lumineuse dans le sens de leur longueur ; ils donnent l’impression des filets d’eau d’une cascade éclairée par le soleil.

Il faut ajouter qu’une loi très simple préside aux colorations des rayons auroraux et par conséquent des arcs, des draperies ou des couronnes ; les rayons se teignent en vert à leur extrémité supérieure et en rouge au bord inférieur de la draperie. Cette loi très simple est connue sous le nom de loi de Bravais. Mais, c’est seulement dans les pays très septentrionaux que les aurores revêtent ces brillantes couleurs qui font de ce spectacle une sorte de merveille de la nature. Ailleurs c’est la teinte blanche nuancée de jaune ou de rose qui seule subsiste.

Les aurores que nous avons l’occasion d’observer en France sont de cette sorte. Elles ont cette teinte blanche ou jaune. Et quant aux figures qu’elles affectent, ou bien ce sont les simples nuées lumineuses rangées tout à l’heure parmi les formes incertaines et rudimentaires de ce genre de phénomènes ; ou bien, lorsque la manifestation atteint son plus haut degré de perfection, c’est une couronne rayonnante qui n’est pas sans ressemblance avec le spectacle qu’offre un beau lever de soleil. Et c’est cette analogie, qui ne vaut que pour l’infime minorité des aurores, qui pourrait justifier le nom adopté depuis Gassendi. Une aurore de ce genre, consistant en un arc voisin de l’horizon d’où émanaient des rayons de grande longueur, a été observée à Paris, dans la soirée du 24 octobre 1870, pendant le siège de la ville par l’armée allemande.


VI

Une particularité très importante est relative à l’orientation des diverses figures d’aurores et des rayons qui en forment la trame. Cette orientation est, en effet, sous la dépendance plus ou moins rigoureuse du magnétisme terrestre. C’est l’aiguille aimantée qui semble diriger les rayons auroraux et les situer