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localités pour lesquelles le nombre moyen annuel est le même, et l’on trace ainsi les courbes d’égale fréquence aurorale ; elles sont désignées en géophysique par le nom quelque peu barbare d’isochasmes.

La courbe de fréquence 1 passe par les lieux où il se produit, en moyenne, une aurore par an : c’est une sorte de cercle ou d’ovale qui traverse San-Francisco, la Nouvelle-Orléans, Santander, Bordeaux, Lyon, Vienne et Tobolsk. Ce pseudo-cercle coupe le méridien central de l’Asie, assez haut dans le Nord, vers le 57° degré de latitude ; il coupe le méridien central de. l’Amérique beaucoup plus bas, aux environs du 30e degré de latitude. Il se différencie donc des parallèles géographiques en ce qu’il est notablement déplacé vers le Sud et empiète sur le continent américain. Son centre, au lieu de se trouver au pôle géographique, se trouve descendu dans le détroit de Smith, au nord de la mer de Baffin, environ par 80° de latitude Nord et 75° de longitude Ouest (de Paris).

H. Fritz a tracé de même les isochasmes ou courbes de fréquence aurorale 5, 10, 30, 100, etc., c’est-à-dire les lignes qui relient les points du globe où le nombre moyen annuel des aurores est de 5, de 10, de 30, de 100. Toutes ces lignes sont grossièrement circulaires et concentriques entre elles. Elles ont leur centre commun dans le même point du détroit de Smith dont il a été parlé plus haut et que l’on peut appeler le pôle des aurores (80° lat. N., 75° long. O.). Paris et Berlin se trouvent un peu au-dessous de la courbe 5, c’est-à-dire que le nombre annuel des aurores y est un peu inférieur à 5. Liverpool et Copenhague se placent sur la courbe de fréquence 10. La courbe de 30 aurores par an passe au Nord de l’Irlande, au milieu de l’Ecosse, à Christiania. La ligne de fréquence 100 passe aux îles Feroë, à Trontheim (Norvège), à la Nouvelle-Zemble, longe la côte septentrionale de la Sibérie, puis s’abaisse, comme les autres, vers le continent américain pour traverser au Sud la baie d’Hudson.

Jusque-là, la fréquence des aurores avait augmenté à mesure qu’on se rapprochait du pôle. Si l’on continue de monter, la fréquence s’accroît encore, et l’on peut tracer à l’intérieur de la courbe 100 une autre courbe qui va être la courbe de fréquence maxima. Celle-ci touche le cap Nord de Norvège, remonte au Nord de la Nouvelle-Zemble, atteint au cap Nord-Est de Sibérie