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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 décembre


Il faut confesser notre erreur : nous avions cru que l’application de la loi du 1er juillet 1901, même avec les développemens et les excroissances qu’on y avait apportés, touchait à son terme, et que le gouvernement serait amené bientôt à chercher un autre champ d’exercice pour son exubérante activité. Nous nous trompions, et M. Combes ne devait pas tarder à le prouver. Peut-être n’est-il pas suffisamment préparé à traiter d’autres problèmes que les problèmes théologiques : aussi n’en sort-il pas. Il n’a d’ailleurs pas tardé à s’apercevoir que, grâce aux principes de liberté ou aux habitudes de tolérance qui ont été, en somme, la marque distinctive du siècle dernier, l’Église avait été, comme il dit, très envahissante. On la retrouve un peu partout sous une forme ou sous une autre, et c’est dès lors une œuvre de très longue haleine que de l’en chasser. Avec cela un gouvernement a, — qu’on nous pardonne la vulgarité du terme, — du pain sur la planche pour très longtemps, et, aussi longtemps qu’il mangera chaque jour un morceau de ce pain, peu nutritif sans doute mais presque inépuisable, il sera dispensé de chercher autre chose. La guerre religieuse suffit en ce moment à tous les besoins de l’esprit public, et M. Combes espère bien qu’il en sera encore ainsi pendant plusieurs années. Peut-être ne se trompe-t-il pas. Son œuvre, qui paraissait presque finie, vient de prendre un essor nouveau, et ce ne sera certainement pas le dernier. On a admiré la longévité du ministère Waldeck-Rousseau, qui a duré trois ans ; il n’y a plus aujourd’hui aucune raison pour que le ministère Combes ne dure pas davantage encore. Il a su trouver dans l’exploitation rationnelle de l’anti-