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Peu satisfait des pensionnaires arrivés à Rome « par la dernière voiture, » d’Antin se promet de faire examiner avec beaucoup d’attention ceux qu’il y enverra dorénavant : « Outre, écrit-il, que c’est une dépense perdue, ils tiennent la place de bons sujets qui parviendraient, s’ils avaient les mêmes secours qu’eux... Je vous ordonne donc de me mander, vers la fin de l’année, votre avis sur lesdits élèves, pour que je prenne le parti de faire revenir ceux qui ne donnent aucune espérance de leur talent. » Ailleurs, d’Antindit encore : « Il ne faut pas augmenter le nombre des sujets médiocres qui ne sçauraient faire honneur à notre Académie. »

À ce propos, Poërson, dans sa réponse, qui parle, une fois par hasard, de ses pensionnaires, fait, non sans raison, remarquer que la faiblesse de plusieurs d’entre eux « vient de ce qu’ils n’estoient pas assez avancez dans leurs études lorsqu’on les a envoyez à l’Académie, ce qui doit se connaître par les épreuves qu’on leur fait faire, lorsqu’ils concourent aux prix de l’Académie ; mais quelqu’uns n’avoient pas seulement fait choix du party entre la peinture, la sculpture ou architecture. « D’Antin fut loin de négliger cette indication : « J’ai pris, écrit-il, toutes les précautions pour que vous trouviez vos nouveaux élèves tels qu’il les faut pour faire honneur à vostre Académie. »

Ce soin ne fut pas superflu ; au nombre des élèves expédiés à Rome par « la nouvelle voiture, » comme disait d’Antin, on comptait les peintres Natoire, Lobel, Bailly, le sculpteur Bouchardon, le futur auteur de l’Amour, et Adam, qui devait se distinguer dans la construction de l’escalier de la Trinité des Monts. Aussi d’Antin se reprend-il, pour notre Ecole de Rome, qui recommence à participer, dans une large mesure, à la décoration de Versailles où est revenu Louis XV et des autres châteaux royaux, d’un surcroît de goût et de zèle. « Une fois pour toutes, écrit-il le 8 août 1723, qu’il ne manque rien à notre Académie, tant pour ceux qui y sont que pour le décorum des étrangers. »

Dès lors Poërson, tout zélé qu’il soit, paraît à d’Antin insuffisant pour la tâche qui incombe au directeur de l’Académie. Avec tous les ménagemens convenables, car il n’est pas ingrat, il désigne, à la date du 18 avril 1724, le sieur Nicolas Wleughels, peintre ordinaire du Roy et professeur honoraire de son Académie royale de peinture et sculpture à Paris, « pour adjoint-directeur,