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la voir, se serait caché derrière une tapisserie. C’est aussi sous le directorat de Troy que le président de Brosses visita l’Académie de France ; il en a laissé une intéressante description.

Une période nouvelle s’ouvrit avec le règne de Mme de Pompadour, qui, en décembre 1745, fit donner à son oncle Lenormant de Tournehem la charge de directeur des Bâtimens, en remplacement d’Orry, en attendant qu’elle pût en assurer la possession à son jeune frère Abel-François Poisson, marquis de Vandières en 1746, de Marigny en 1755, et de Ménars en 1764.

De Troy, à la suite de divers mécomptes, s’étant démis de ses fonctions de directeur de l’Académie, Charles Natoire fut appelé en septembre 1751 à lui succéder. A peine venait-il d’arriver à Rome, que son prédécesseur de Troy y mourut d’une fluxion de poitrine, le 26 décembre 1752. Peu de jours auparavant, le 19 novembre 1751, Tournehem était décédé et Vandières lui avait succédé.

La nomination du nouveau directeur coïncidait avec celle du nouveau surintendant. Tout les rapprochait. Natoire était un des peintres favoris de Mme de Pompadour, qui goûtait fort le talent de l’auteur de Vénus demandant à Vulcain des armes pour Enée. Quant à Vandières, bientôt Marigny, qui, pendant un récent voyage en Italie, très profitable à son éducation d’homme de goût et d’amateur distingué, venait de visiter Rome, — où, étant l’hôte de l’Académie, il avait eu avec de Troy un démêlé à l’occasion d’une rivalité galante, — il arrivait à la direction des Bâtimens avec des idées personnelles, nettes et judicieuses, concernant l’Ecole du palais Mancini.

« Je vous avouerai confidemment, écrit-il à Natoire le 30 janvier 1752, presque aussitôt après avoir pris possession de sa charge, que j’ai vu pendant mon séjour à l’Académie de Rome une infinité d’abus en gardant néanmoins un profond silence ; mais j’en informay mon prédécesseur en arrivant à Paris. Il était sur le point d’y remédier par des ordres qui étaient prêts à partir lorsque la mort nous l’a enlevé et, comme ils avaient été délibérés avec moy, les voicy :

« Vous aurez agréable, je vous prie, de marquer à chacun des élèves, suivant le genre auquel il se destine et pour lequel vous luy trouverez le plus de disposition, l’étude qu’il doit faire. Vous luy prescrirés les lieux où il doit aller étudier et travailler ; vous l’obligerés tous les huit jours de vous présenter les études qu’il