Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/438

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Enfin, le discours se termine. D’autres personnages prennent la parole, — phrases banales, encourageant en termes nuageux les auditrices à la conquête d’un vague idéal. Puis c’est le palmarès. 97 diplômes sont accordés. Mais d’abord les lauréates défilent. Le premier prix de cours pratiques est décerné à celle d’entre nous qui s’est le plus signalée par son ignorance... partialité qui doit trouver sa raison d’être. Quoi qu’il en soit, les heureuses élues gravissent les marches pour recevoir des mains d’un monsieur solennel un livre rouge à tranche dorée. Il m’a fallu monter à mon tour et redescendre tenant entre mes bras un exemplaire, à l’usage de la jeunesse, des Lettres de Madame de Sévigné et un grand volume illustré : Perdus dans les glaces. Il ne manque que la couronne de feuilles vertes pour compléter cet ensemble naïf. Aussi bien, j’aime encore mieux, si enfantine qu’elle soit, une telle littérature, que celle qui fut, je le sais, distribuée l’an passé où chaque élève lauréate a reçu un exemplaire de la Morale des Jésuites, de Paul Bert. Mais pourquoi donc ne pas remettre à de futures gardes-malades quelques ouvrages capables de les conseiller utilement dans leur tâche ?

Il est cinq heures et demie. La séance se termine. Et, parmi le tumulte des conversations bruyantes, le gai tapage des diplômées, on perçoit, sur l’estrade, derrière les plis de la tenture, notre professeur de pansemens qui discourt, la bouche pleine d’une sandwich...


27 juillet. — J’extrais du journal l’Action une partie du compte rendu de la distribution des prix : « Il est quatre heures. Il fait un temps délicieux. Les petits bonnets blancs ondulent sous l’ombre des arbres, ces petits bonnets blancs qui ont si vaillamment fait oublier la disgracieuse et méchante cornette. Ils ne s’ornent pas encore de la cocarde prescrite dernièrement par M. Mesureur et que seuls arborent les bonnets de soie noire des surveillantes. L’administration, paraît-il, n’a pas encore eu le temps de distribuer les nouvelles coiffures à toutes les infirmières. C’est regrettable...

« ... M. Gory préside. En un discours très applaudi, il a retracé les diverses améliorations, apportées par l’année 1903 et M. Mesureur (sic), dans le service du personnel des hôpitaux... M. Gory a conclu en recommandant aux jeunes infirmières d’avoir une haute idée de leur rôle et, puisqu’elles sont toutes solidaires,