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d’accomplir avec une égale bonne volonté leurs graves fonctions, »

Fasse le ciel que de tels encouragemens soient de force à opérer la transformation qui s’imposerait là !


28 juillet. — Dernier acte. La distribution des prix à la Salpètrière. C’est là que seront délivrés, aux élèves des trois Hôpitaux-Écoles, les diplômes de parchemin, et nous sommes toutes convoquées. Un grand amphithéâtre a peine à contenir les élèves. J’arrive trop tard pour jouir du discours de M. Bourneville, réédition exacte de celui de la Pitié, me dit-on, et je reste debout près d’une porte, faute de place. La séance est interminable. On distribue aussi les prix des cours primaires qui ont préparé les infirmières de bonne volonté au certificat d’études, et les petits bonnets défilent, innombrables. Pourquoi donc nous convoquer d’office à cette inutile parade ?... C’est toujours le même système, réclame et batterie de grosse caisse pour en imposer à ceux qui ne savent pas voir. Et l’on y parvient.

Mais pour qui veut aller plus loin, cela prend la forme d’une systématique mystification. Ils ont détruit sans pouvoir rebâtir. Leur solidarité se désagrège au premier choc. On a pris de l’antique esprit de corps, en lui ôtant toute raison profonde, les inconvéniens sans les avantages. L’enseignement est défectueux, la formation en commun est fictive, car c’est contact du moment et non. pas fusion en vue d’un intérêt élevé. Chacun ici a travaillé pour soi, et, si parfois l’union s’est produite, c’est, ayons le courage de le dire, « l’union libre » qui peut seule résulter d’une telle école de mœurs.

Et c’est le cœur douloureusement ému que je m’éloigne, emportant mon rouleau de parchemin. Sur mon passage, dans la cour de l’hospice, une vieille femme s’arrête : — « Sont-elles fières d’avoir leur diplôme ! — Et je ne puis me retenir de lui répondre : — Fières... hélas ! il n’y a pas de quoi ! »