Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/603

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’ART FRANÇAIS A ROME

II[1]
DE LA RÉVOLUTION A NOS JOURS
LA VILLA MÉDICIS


ï

Jusqu’en 1789, l’Académie de France à Rome n’avait pas été seulement une brillante institution d’arts, réalisant toutes les espérances de ceux qui l’avaient fondée. Par surcroît, elle avait apporté à notre diplomatie un concours précieux. Ses directeurs avaient souvent renseigné les ministres du Roi sur les choses romaines, et les somptueux salons du palais Mancini étaient peu à peu devenus une annexe de l’ambassade de France près le Saint-Siège, ajoutant encore au prestige de notre représentation dans une ville que le cardinal de Bernis, qui y résida longtemps, appelait la principale auberge de l’Europe.

Les événemens qui se précipitèrent après la réunion des Etats-Généraux, surtout la sécularisation des biens ecclésiastiques et la constitution civile du clergé, produisirent à Rome une émotion qui atteignit son paroxysme, lorsqu’on apprit que le monarque, si longtemps appelé le fils aîné de l’Eglise et le Roi très chrétien, était emprisonné, mis en jugement, condamné à mort. Jeunes, passionnés, les pensionnaires de l’Académie de France ne furent pas sans se mêler à cette agitation, qui suscitait, naturellement, toutes les méfiances du gouvernement pontifical. Dès le 21 juillet 1790, le directeur Ménageot traduisait

  1. Voyez la Revue du 15 janvier.