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exigences. Mélodie, harmonie, rythme, elles sont à elles deux la musique entière, le timbre excepté, — j’entends le timbre instrumental, — et le timbre n’est que la couleur et le dehors plutôt que l’âme même des sons. Chacune de ces formes enfin, l’une étant mélodie, l’autre consistant en accords, représente un des deux élémens ou des deux pôles de l’art. Par cette double constitution, la musique d’église répond au génie divers et successif des peuples et des âges ; nul ne demeure en dehors d’elle ; elle réalise dans sa plénitude, autant que dans sa pureté, tout l’idéal religieux.

« C’est plus qu’une réforme, « s’écrieront quelques vendeurs chassés du temple : « c’est une révolution ! « Mais un de nos maîtres, parlant aussi d’Affaires de Rome, écrivait naguère ici : « Le mot de révolution, toujours sinistre pour nous, reprend sa valeur étymologique aussitôt qu’on l’applique à l’Eglise. Il signifie alors retour sur soi-même. » En musique, ainsi qu’en toute chose, ce retour n’est point aveugle ; il s’accomplit sans colère et sans injustice, dans un esprit de tolérance et de liberté.

Le Motu proprio rappelle que « l’Église a toujours reconnu et favorisé le progrès de l’art, en admettant au service du culte tout ce que le génie a su trouver de bon et de beau dans le cours des siècles, sous la réserve des lois de la liturgie.

« En conséquence, la musique plus moderne est admise à l’église, offrant, elle aussi, des compositions que leur bonté, leur sérieux et leur gravité ne fait pas indignes des cérémonies sacrées.

« Néanmoins, la musique moderne étant vouée surtout au service profane, il faudra veiller avec le plus grand soin à ce que les compositions musicales du style moderne admises à l’église ne contiennent rien de profane, n’offrent aucune réminiscence de motifs employés au théâtre, et, jusque dans leurs formes extérieures, ne se règlent aucunement sur l’allure des morceaux profanes.

« Parmi les genres divers de la musique moderne, celui qui nous a paru le moins propre à accompagner les cérémonies du culte, c’est le style théâtral qui, pendant le dernier siècle, eut le plus de vogue, particulièrement en Italie. Ce style est par nature en opposition absolue avec le chant grégorien et la polyphonie classique, par conséquent avec la loi la plus importante de toute bonne musique sacrée. En outre, la structure intime, le rythme, et ce qu’on appelle le convenzionalisme, d’un pareil style ne se plient que fort mal aux exigences de la musique vraiment liturgique. »

On doit remercier ici deux fois le Pontife réformateur : pour ce