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longtemps tenus en échec, suspectés, combattus, étaient devenus les membres et les organes d’un corps vivant. Chaque nuance, chaque détail de costume représentait une fonction et, par conséquent, un rouage de ce grand mécanisme compliqué ; chaque rayon de cet arc-en-ciel universitaire rappelait une difficulté vaincue et promettait une action concertée pour l’avenir.

Devant le chancelier marchaient lord Kelvin et lord Lister, qui allaient recevoir le degré honorifique de docteur ès sciences. Ils précédaient d’un pas l’héritier présomptif et la princesse, sa femme, l’un avec les insignes de docteur es lois, l’autre portant la robe de docteur en musique. À leur entrée, cinq cents voix, sous la direction de sir Frederick Bridge, dont la chaire, nouvellement fondée, porte le nom d’Édouard VII, entonnèrent l’hymne God bless the Prince of Wales. Ainsi s’affirmait la Faculté de musique : « Je chante, donc je suis. »

Les diplômes furent remis aux quatre docteurs honoraires dans les formes voulues et cette remise donna lieu à des nuances intéressantes dans les sentimens manifestés par l’auditoire. Le prince de Galles fut accueilli avec politesse, la princesse avec une respectueuse sympathie, lord Kelvin et lord Lister avec un bruyant enthousiasme. Ensuite furent délivrés les parchemins de docteurs, de maîtres ès arts et de bacheliers aux jeunes gens et aux jeunes filles qui les ont gagnés pendant la session. Il ne leur reste plus qu’à apprendre à la foule ou à l’élite les noms qui y sont inscrits. En terminant, lord Rosebery a fait remarquer, aux applaudissemens de ses auditeurs, que cette cérémonie serait rarement renouvelée et que l’Université de Londres se montrerait, dans l’avenir, très avare de ses titres honorifiques. C’est, en effet, le meilleur moyen de leur conserver tout leur prestige.

Le trait le plus important de la séance, au point de vue qui nous occupe, a été la lecture du rapport présenté par le principal, M. Rücker, qui donne une idée très nette et très juste de l’état présent de l’Université. Si l’on médite ce document et si l’on y joint une lecture attentive de la Gazette officielle que l’Université publie de quinzaine en quinzaine (sauf pendant les vacances) et qui contient, avec les actes du Sénat, les nouvelles universitaires, on se rendra compte de ce qui se passe dans l’Université et de ce qui s’y prépare.

À la tête de l’Université est placé le chancelier, élu à vie par la Convocation et assisté du vice-chancelier, nommé chaque