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à 15 francs, un ouvrier de 65 ans, à 16 fr. 50 ; à la briseuse (entre 15 ans et 24), de 8 fr. 50 à 16 francs. Les graisseurs touchent l’un 14 francs, l’autre 19 fr. 50. Il y a des étirageuses de 13 ans et demi, et il y en a de 60 ans : elles gagnent 11 francs, et jamais, dans la maturité, elles ne gagnent davantage. Il semble du reste qu’avant 30 ans elles sortent de l’usine et qu’elles n’y rentrent qu’après 45 ans : sur 40 étirageuses, portées nominativement au tableau que je consulte, je n’en relève en effet aucune d’un âge intermédiaire ; les banc-brocheuses, toutes en pleine force, de 20 à 30 ans, gagnent pour la plupart 13 francs, quelques-unes 17 francs ; les soigneuses ou filles derrière, de 16 ans et demi à 24 ans, reçoivent 11 francs ou 11 fr. 50.

Aux étoupes, les cardeurs, presque tous mineurs, gagnent presque tous aussi 13 fr. 50 ; deux d’entre eux, cependant, ont 16 francs ; un, 17 fr. 50 ; un, 22 fr. 50. Le surveillant des préparations touche 23 francs ; les banc-brocheuses, 13 francs ; les étirageuses, 9, 10 et 11 francs. À la filature, le contremaître a 25 francs par semaine ; les démonteurs, 21 francs ; les /lieuses, quel que soit leur âge, — et il varie de 18 à 53 ans, avec la même lacune que pour les étirageuses, aux environs de la trentaine, — toutes uniformément 15 francs. Les metteuses en ordre gagnent 9 et 10 francs ; les démonteuses 6 francs, 7 fr. 50 et S fr. 50, selon l’âge et l’aptitude au travail ; les graisseurs ont 15 francs ; les couseurs de rubans, 14 et 15 ; les porteurs de bobines, 15 et 16 ; les garçons divers (13 ans et demi et 14 ans et demi), 8 fr. 50 ou 9 fr. 50. Au dévidage, le surveillant touche 19 francs par semaine, à 55 ans ; les paqueteurs, 33 et 36 francs, les dévideuses, de 12 francs à 16 fr. 25 ; les bobineuses, de 12 francs à 15 fr. 75 ; les épeuleuses, de 10 francs à 15 francs.

Laissons de côté, de peur d’allonger encore cette énumération déjà trop longue, les ouvriers dits spécialistes, de tous les métiers plutôt que du métier, mécanicien, chauffeur, conducteur, peigneron, menuisier ; il n’y a pas de raison pour qu’ils soient payés à des prix différens dans la filature de jute et dans la filature de lin. En rapprochant, de pari et d’autre, les salaires des catégories comparables, on verrait qu’ils sont tantôt un peu plus forts, tantôt un peu plus faibles pour le lin que pour le jute ou pour le jute que pour le lin, mais toujours à peu près les mêmes ; de telle sorte que la seule cause de l’écart en plus ou ou moins paraît bien être le plus ou moins de difficulté que