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« citoyen ministre, » il « attend »[1]et un avocat, Louis Mie, s’agite, dont la parole échauffe depuis plusieurs années la démagogie locale. Une seule ville est trop petite pour contenir, ces trois importances. Avant la fin d’une semaine, les deux républicains sans emploi sont unis-contre celui qu’on leur a préféré et Chavoix transmet au gouvernement, comme « votée en réunion publique et aux acclamations unanimes de plus de 6 000 citoyens » la demande que le docteur Guilbert et Louis Mie « partagent l’honneur et le fardeau de l’administration, à pouvoir égal, dans le département de la Dordogne[2]. » Deux consuls, c’est presque Rome ; une assemblée de six mille citoyens à Périgueux, c’est déjà la Gascogne. Le gouvernement n’accorde rien à leur unanimité, et des six mille pas un ne se lève pour réclamer à Gilbert la part de Mie.

Plus à l’Est commence, avec la région des moyennes et des grandes montagnes, la sérénité des hauteurs. Les villes elles-mêmes, enveloppées de cette atmosphère, n’ont pas de tumulte. Les élections du 10 août viennent d’y donner le pouvoir à des municipalités libérales et modérées. A Clermont, capitale de l’Auvergne, l’avocat Bardoux, le premier élu, nommé maire par l’Empire, transmet, le 5 septembre, au nouveau gouvernement le désir des plus audacieux : dans le pays de M. Rouher, le conseil général est bonapartiste, eux souhaitent « une commission départementale républicaine[3], » mais ils ne le veulent qu’avec la permission de Paris. A Aurillac, les retards du préfet impérial à annoncer la révolution, ses refus de contresigner les actes du nouveau régime n’excitent aucun désordre dans la rue. Le conseil municipal, suppléant à cette passivité, proclame et affiche, sans réclamer la destitution de ce fonctionnaire. C’est seulement après cinq jours qu’il « adjoint trois de ses membres à l’administration départementale pour aviser aux mesures de salut public et de défense nationale[4]. » A Mende, c’est le chef du parti libéral, le docteur Th. Roussel qui télégraphie : « Si le préfet de la Lozère n’est pas nommé, prière d’attendre l’arrivée d’une lettre adressée par cercle patriotique pour motiver, dans intérêt de défense nationale, le maintien du préfet

  1. Id.
  2. Id., 953.
  3. Id., 1241.
  4. Id., 891.