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maintenue dans cette situation équivoque et mal définie. On a plus d’une fois proposé de la transformer eu une entreprise purement commerciale, en retirant de ses cadres les navires inutilisables autrement que comme croiseurs, et en lui laissant l’usage des autres, sauf à les réquisitionner en cas de guerre. Le gouvernement s’est toujours refusé à, admettre cette transformation.

Le dernier règlement relatif à la Flotte volontaire, celui de 1902, lui a maintenu le même caractère et la même organisation que par le passé. Il lui a conservé aussi sa subvention annuelle de 600 000 roubles. Elle comptait, au moment où la guerre s’est engagée, 15 navires en service, représentant une valeur de 14 442 928 roubles.

Grâce au secours de l’Etat, les difficultés que la Flotte volontaire a rencontrées sur sa route n’ont pas été trop préjudiciables à l’accomplissement de sa tâche. En fait de résultats commerciaux, les voyages entre Odessa et Vladivostok, qui n’étaient qu’au nombre de 8 en 1886, ont été portés progressivement jusqu’à 24 ; près de 60 millions de pouds de marchandises et 30 000 passagers ont été transportés, sur cette ligne, de 1878 à 1902, tant à l’aller qu’au retour ; les produits de l’industrie de la Russie ont été introduits dans les escales intermédiaires de Colombo, de Singapore et de Shanghaï.

Dans l’ordre d’idées militaire, le gouvernement russe a eu recours aux vaisseaux de la Flotte volontaire pour assurer, pendant la dernière expédition de Chine, le transport du corps expéditionnaire et du matériel de guerre entre Vladivostok et le golfe du Petchili. Ce genre de services semble bien être le seul auquel soient aptes, en temps de guerre, des navires de commerce. La théorie, si séduisante à première vue, des croiseurs auxiliaires rencontre, dans la pratique, de sérieuses difficultés d’application. Jamais un paquebot dépourvu de cuirasse, muni d’une faible artillerie et pouvant donner une vitesse maxima de 18 nœuds, ne sera en état de prendre part à de véritables opérations de guerre. On pourra l’employer, loin du théâtre de ces opérations, à donner la chasse aux cargo-boats ennemis, ou encore à saisir les neutres suspects de se livrer à la contrebande. Mais le premier de ces emplois ressemble fort à la course, qui a été supprimée par le Congrès de Paris, et le second présente des inconvéniens peut-être plus graves encore, que les récens