Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exemples du Smolensk et du Pétersbourg viennent de mettre en lumière[1].

Nous assistons du reste, depuis quelque temps, en Angleterre, chez la nation maritime par excellence, à une évolution dans les constructions navales appliquées aux grands paquebots transatlantiques. On paraît guéri de la « folie de la vitesse ; » on ne s’efforce plus de réaliser 22 ou 23 nœuds à l’heure, pour lutter avec les superbes bateaux-réclame de l’empereur Guillaume ; on en est arrivé à une conception infiniment plus pratique en se proposant de réaliser un grand confortable à bord pour les passagers, tout en sacrifiant aux exigences d’une navigation commerciale. C’est la White Star line qui a pris l’initiative de cette évolution par la construction de l’Oceanic, suivie par celles du Celtic, du Cedric et enfin du Baltic qui, non seulement résume tous les perfectionnemens de l’architecture navale, mais constitue une sorte de type nouveau de paquebot, ou plutôt de paquebot cargo-boat. Le Baltic, en effet, tient du paquebot par le luxe et le confort de ses aménagemens pour passagers, mais il se rapproche du cargo-boat par l’énorme capacité de ses cales à marchandises et par sa vitesse relativement modérée, qui sera de 16 nœuds. Ses proportions sont colossales : il ne mesure pas moins de 221 mètres de longueur sur 23 mètres de largeur, et son creux sur quille est de 15 mètres. Ces dimensions lui permettent de porter 28 000 tonnes en lourd, et lui donnent un déplacement en pleine charge de 40 000 tonnes.

Voilà certes un navire appelé à rendre de signalés services à son pays, en temps de guerre, pour le transport des troupes, chevaux et matériel ; car il peut contenir dans ses flancs plus de passagers que ne compte d’habitans un de nos chefs-lieux d’arrondissement ; Nous croyons que la White Star line est dans le vrai et que son exemple est bon à suivre.

En résumé, on ne saurait dire que la Flotte volontaire ait réalisé entièrement le vœu de ses fondateurs. Arme à double tranchant, elle ne s’est parfaitement acquittée de son rôle ni en temps de guerre, ni en temps de paix. Entreprise commerciale, elle ne se soutient que grâce à l’aide pécuniaire du

  1. On vient de constituer à Pétersbourg une commission spéciale, composée de hauts fonctionnaires russes, chargés d’examiner la situation de la Flotte volontaire, au point de vue international maritime. M. de Martens est délégué par l’amirauté auprès de cette commission.