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gouvernement ; auxiliaire de la marine de guerre, elle ne lui est que d’un faible secours[1]. Ainsi l’application a révélé, dans la conception initiale de la Flotte volontaire, des contradictions qui rendent son fonctionnement difficile. On a cherché à concilier ces contradictions ; on n’y a réussi qu’à moitié : la formule est encore à trouver.

Il convient cependant de tenir compte à la Flotte volontaire des efforts qu’elle a faits. Ses débuts nous ont permis d’assister à la genèse des relations maritimes de la Russie avec l’Extrême-Orient ; ses services constituaient, hier encore, le principal élément du trafic qui se faisait, par pavillon russe, entre les côtes de la Mer-Noire et celles du Pacifique. Malgré ses imperfections, les charges dont elle est grevée, les contradictions contre lesquelles elle lutte, elle reste une création très originale et très intéressante. Les services qu’elle a déjà rendus à l’Etat, ceux qu’elle peut encore lui rendre, suffisent en somme à justifier les mots qu’Alexandre III traça de sa main sur un rapport la concernant : « C’est une œuvre nationale très utile, et ce serait une faute que de l’abandonner à l’arbitraire du sort. »


L’établissement des Russes sur le golfe du Petchili amena la formation d’une flotte marchande dans les eaux mêmes du Pacifique. C’est une nouvelle étape dans leur développement maritime. Les progrès de leur colonisation en Sibérie et leur installation sur les côtes de la mer du Japon, les avaient déterminés à établir une communication maritime directe avec leurs possessions asiatiques. Cela ne leur parut bientôt plus suffisant. Depuis l’achèvement du Transsibérien, l’acquisition de Port-Arthur et de Dalny, et le prolongement de la voie ferrée jusqu’à ces ports, le désir leur vint de posséder une flotte commerciale sur place. L’organisation du Service maritime du chemin de fer de l’Est-Chinois répond à ce besoin.

En 1896, cinq ans seulement après l’inauguration des travaux du Transsibérien par le tsarévitch Nicolas, le gouvernement chinois traita avec la Banque Russo-Chinoise pour la

  1. Il convient toutefois d’observer que, lors du grand mouvement d’opinion dont est née la Flotte volontaire, la seule guerre à laquelle on songeât en Russie était une guerre avec l’Angleterre, l’Autriche ou la Turquie, ayant l’Orient pour théâtre. Dans cette hypothèse, une flotte de transports rapides, opérant sous la protection de l’escadre de la Mer-Noire, aurait pu être d’une véritable utilité à la Russie.