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Sibérie, cinq convois par semaine, composés chacun de 25 wagons de 450 pouds. Des services de navigation se sont organisés pour prendre ce produit, au sortir des wagons réfrigérans, et l’expédier, sur des vaisseaux aménagés à cet effet, en Angleterre, en Allemagne et en Danemark. La construction du chemin de fer de la Baltique et l’extension progressive de ce réseau ont été la cause d’un accroissement considérable de prospérité pour tous les ports de ce littoral. Leur importance maritime et commerciale est bien loin d’être négligeable. Saint-Pétersbourg, où le mouvement maritime de Cronstadt s’est transféré, depuis l’approfondissement du chenal et la construction du port de commerce, détient toujours le second rang, dans la classification des ports russes ; Riga occupe le huitième ; Libau, le neuvième. Le mouvement des marchandises, dans chacun de ces ports, s’est traduit respectivement, en 1897, par 225, 158 et 60 millions de pouds.

Le grand inconvénient des ports de la Baltique provient des glaces qui les encombrent et les bloquent, pendant cinq mois de l’année. Fermés à la navigation, vers la fin de novembre ou le commencement de décembre, ils ne se rouvrent guère en effet qu’au début du mois de mai. Tel est le cas de Riga, de Saint-Pétersbourg, d’Helsingfors et d’Abo. On s’efforce de remédier à cet inconvénient en tirant parti, pendant cette période, de ports situés dans une position qui les met à l’abri de la gelée. Telle est la raison d’être et l’utilité de ports comme Libau, Windau, Reval et Hangoe. Ils ont sur leurs voisins l’avantage de ne pas être situés dans un golfe ou sur un estuaire, mais bien sur le littoral même de la mer, ou même sur un promontoire, comme Hangoe. Les glaces peuvent donc en encombrer plus ou moins les abords, mais ne les bloquent jamais complètement et, à l’aide de bateaux brise-glaces, leur entrée peut être maintenue libre pendant tout l’hiver. Il se crée ainsi de véritables ports d’hiver, où se centralise, pendant la mauvaise saison, tout le commerce des ports voisins, et dont l’activité dépend, en majeure partie, du temps pendant lequel ces derniers sont restés fermés. Ainsi en est-il de ceux que nous avons cités plus haut. Le type le plus parfait du genre est Hangoe, grâce auquel la Finlande conserve, en toute saison, un accès à la mer libre. Situé à l’extrémité du cap le plus méridional du Grand-Duché, il reçoit de 700 à 800 navires, jaugeant ensemble 250 à 300 000 tonnes.