Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/649

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui incombaient précédemment aux ministres des Finances et des Voies de communication. Par un rescrit en date du même jour, l’Empereur confia les fonctions de Directeur général de la marine marchande, avec les pouvoirs et les droits d’un ministre, à celui qui avait inspiré cette mesure et qui avait été l’âme du mouvement de réforme poursuivi depuis 1897, au grand-duc Alexandre Mikhailovitch, Certains passages de ce rescrit sont à retenir, pour éclairer la pensée qui l’a dicté. Après avoir exprimé l’espoir que l’autorité dont il allait être investi donnât au grand-duc Alexandre l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de sa tâche, l’Empereur définissait ainsi le but désigné aux efforts de son beau-frère : « libérer progressivement la Russie de la dépendance des entreprises et marines étrangères. » Puis il lui traçait à grands traits le programme qu’il aurait à remplir. « Pour atteindre le but qui vous est indiqué, il y aura lieu, lui disait-il, de créer, au moyen de ressources fiscales ou privées, de nouvelles entreprises de navigation, des chantiers de constructions navales, des ateliers de réparation ; de perfectionner l’outillage des ports et d’en construire de nouveaux ; de venir en aide aux constructeurs et aux armateurs, et de chercher, d’une manière générale, à améliorer les conditions de la marine marchande et la situation des marins. En outre, la surveillance des entreprises maritimes privées devra être entièrement centralisée à la Direction générale, qui se trouve placée sous vos ordres. »

Telle est la vaste sphère dans laquelle fut appelée à s’exercer l’activité du grand-duc Alexandre. Il rêvait encore de l’élargir. Dans son esprit, la « Direction générale de la marine marchande et des ports de commerce » n’était que l’embryon et le noyau d’un ministère du Commerce, qui n’existe pas encore en Russie. Ce nouveau département comprendrait dans ses attributions tout ce qui concerne le Commerce intérieur et extérieur, la marine marchande, la navigation fluviale, l’industrie. Enlevées aux ministères des Finances, de l’Agriculture et des Domaines, des Voies de communication, de l’Intérieur, entre lesquels elles sont encore divisées à l’heure actuelle, ces matières seraient réunies et centralisées en une seule main : audacieuse, mais intéressante conception, dont la réalisation paraissait prochaine il y a un an, et qui se trouve, aujourd’hui, ajournée à des temps meilleurs.

C’est à l’époque où le grand-duc Alexandre concevait d’aussi