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survivant des frères d’Alexandre II, le grand-duc Alexandre Mikhai-lovitch a épousé la grande-duchesse Xénia, sœur de Nicolas II. Il est donc à la fois l’oncle à la mode de Bretagne et le beau-frère de l’Empereur actuel. Entré dans la marine de guerre, dont il gravit successivement tous les grades jusqu’à celui de contre-amiral, il eut sans doute, pendant ses croisières dans l’Atlantique et la Mer-Noire, l’occasion de constater combien le pavillon russe y était faiblement représenté. Il eut le grand et réel mérite de comprendre l’importance de la marine marchande, et le louable désir de doter la Russie d’une flotte de commerce digne d’elle. Il s’y consacra tout entier. En faisant servir à cette œuvre l’influence qu’il tient de sa double parenté avec l’Empereur, il a, sans contestation possible, bien mérité de son pays.

Un an à peine (juin 1901) après avoir commencé ses travaux, le Conseil présidé par le grand-duc Alexandre présenta à l’approbation impériale une loi que nous analyserons dans un instant. Cette loi institua, pour les ports de commerce, dont elle remania de fond en comble l’organisation administrative, un rouage spécial, dénommé Comité des affaires des ports. Cela porta à trois le nombre des rouages créés en vue de la marine marchande : d’abord la Section spéciale, organisée au ministère des Finances ; ensuite le Conseil présidé par le grand-duc Alexandre ; enfin le Comité institué par la dernière loi. Ajoutons que les ports n’en continuèrent pas moins à dépendre, pour tout ce qui concerne leur construction et leur entretien, d’une section technique existant au Ministère des Voies de communication. Ce fut, de la part du grand-duc Alexandre, un nouveau et indiscutable mérite, d’avoir compris et fait comprendre à l’Empereur qu’une forme aussi importante de l’activité nationale ne pouvait, sans de graves inconvéniens, continuer à dépendre de rouages aussi multiples et aussi divers.

L’année suivante, son influence croissante obtint de Nicolas II une mesure qui mit fin à cette multiplicité d’organes, et paracheva, en même temps, la constitution d’une administration propre à la marine marchande. Un ukase impérial du 7/20 novembre 1902 fondit en un seul les trois organes dont nous venons de parler, et en forma une entité administrative unique et indépendante, sous le nom de Direction générale de la marine marchande et des ports de commerce. Le même ukase transféra au directeur général, placé à la tête de la nouvelle institution, toutes les attributions