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Il ne craint pas d’y revenir encore dans sa Réponse à quelque ministre.


Je sais que des abbés la cuisine trop riche
A laissé du Seigneur tomber la vigne en friche ;
Je vois bien que l’ivraie étouffe le bon blé ;
Et si n’ai pas l’esprit si gros ni si troublé
Que je ne sente bien que l’Église première
Par le temps a perdu beaucoup de sa lumière !


Mais en quoi ces abus sortent-ils du fond de la chose ? et, par exemple, de ce que l’on croit sur le fait de la « transsubstantiation ? » Quel rapport y a-t-il entre la corruption des prélats de cour, ou les scandales de la Papauté même, et la question de savoir si Jésus-Christ est ou n’est pas réellement présent dans l’Eucharistie ? Quels sont d’ailleurs les remèdes que proposent nos réformateurs « empistolés ? » où, et quels sont leurs titres ?


De votre élection faites-nous voir la bulle,
Et nous montrez de Dieu le seing et la cédule !


Si nous sommes, nous, catholiques, dans l’erreur depuis quinze cents ans, et si vous détenez, vous protestans, la vérité comment se fait-il que vous soyez tous adversaires ou ennemis les uns des autres ?


Les Apôtres jadis prêchaient tous d’un accord,
Entre vous aujourd’hui ne règne que discord ;
Les uns sont Zwingliens, les autres Luthéristes,
Les autres Puritains, Quintins[1], Anabaptistes,
Les autres de Calvin vont adorant les pas,
L’un est prédestiné et l’autre ne l’est pas,
Et l’autre enrage après l’erreur Muncérienne
Et bientôt s’ouvrira l’école Bézienne
[ Continuation, etc. ]


Sur quoi, montrez-m’en donc parmi vous qui « aient changé de vie » en changeant de religion ?


J’en vois qui ont changé de couleur et de teint
Hideux en barbe longue et en visage feint ;
Mais je n’en ai point vu qui soient d’audacieux
Plus humbles devenus, plus doux ni gracieux ;
  1. Les Quintins sont ceux que Calvin avait si violemment attaqués dans son opuscule : Contre la secte furieuse et phantastique des Libertins.