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qu’ils n’étaient pas libres penseurs[1]. Il fallait tuer dans l’esprit le mensonge : c’est pourquoi toute manifestation religieuse sur la voie publique fut déclarée un délit[2]. Puisque les membres du clergé ne rendaient pas un service public, ils furent, comme de simples particuliers, requis pour l’incorporation dans la troupe[3]. On raya toutes les dépenses jusque-là consacrées par la ville aux œuvres religieuses[4]. Enfin, pour libérer l’avenir, on vota la suppression des corporations religieuses et la confiscation des biens du clergé[5].

En même temps le Comité s’appliquait à résoudre le problème social. La plus lourde des taxes payées par le prolétaire, sa contribution à peu près unique aux charges publiques, était l’octroi : l’octroi fut aboli[6]. Tout citoyen dont les ressources ne dépassaient pas 1 000 francs fut déclaré exempt de tout impôt[7]. L’avoir des prolétaires était en partie engagé au mont-de-piété : tous les objets de literie, linge de corps et instrumens de travail furent, jusqu’à vingt francs, restitués aux déposans[8]. La guerre avait arrêté le travail : des ateliers nationaux sont ouverts pour les ouvriers inoccupés, et les citoyens que le service de la garde nationale occupe sont nourris et soldés aux frais de la ville. Pour payer les dépenses, l’argent sera demandé aux riches. Aussi faut-il les conserver comme des gages, et le Comité interdit aux habitans de quitter la ville, sous peine de confiscation de leurs biens[9]. Pour s’assurer que les fortunes comme les personnes resteront sous sa main, le Comité décide que les sommes déposées à la Banque, dans les Sociétés de crédit, et les approvisionnemens de soies ouvrées ou grèges, ne pourront, sans son autorisation, sortir de la ville[10]. Ces sûretés prises, il décrète une contribution de 50 centimes par 100 francs du capital sur tous les biens mobiliers et immobiliers. Ces ressources ne suffisent pas à remplir les caisses que vide l’entretien des prolétaires dans la garde nationale et les chantiers ; le Comité se rend cette justice de comprendre qu’un emprunt ouvert et garanti par lui ne produirait rien ; il est, pour durer, réduit à prendre : « Attendu, dit-il, que la réquisition est de droit alors qu’il faut agir révolutionnairement ; qu’en cas de malheur l’ennemi ne se gênerait guère et prendrait bien plus que nous ne demandons ; que les

  1. Comité de Salut public, séance du 8 septembre.
  2. Id., du 10.
  3. Id.
  4. Id., 7 septembre.
  5. Id.
  6. Id., 9.
  7. Id., 12.
  8. Id., 12.
  9. Id., 10 septembre.
  10. Id.,