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REVUES ÉTRANGÈRES

LA FILLE DU POÈTE VINCENZO MONTI


Costanza Monti-Perticari, studio su documenti inediti, par Maria Romano. — Lettere inedite e sparse di Costanza Monti, raccolte da Maria Romano, 2 vol., Rocca S. Casciano, Librairie Cappelli, 1903-1904.


Le 6 juin 1812, dans la petite église du village de Majano, fut célébré le mariage du comte Giulio Perticari avec la signorina Costanza Monti. La cérémonie eut un caractère tout intime, sans autres assistans que les parens les plus proches des deux jeunes fiancés ; mais on peut bien dire que, de Venise à Naples, il n’y eut pas en Italie un seul lettré qui ne s’intéressât à ce mariage, ne s’en réjouit, ne le saluât de ses vœux. Car le marié, d’abord, Giulio Perticari, quoique à peine âgé de trente ans, était connu déjà comme un très savant érudit, un poète remarquable, et surtout comme l’un des maîtres les plus parfaits de cette belle langue italienne de la Renaissance qu’un groupe nombreux d’enthousiastes s’efforçait alors de remettre en honneur : avec cela, noble, riche, généreux, infatigable dans son zèle pour la gloire et la grandeur littéraires de sa patrie. La mariée, d’autre part, était l’unique fille de Vincenzo Monti, le plus grand et le plus célèbre des poètes italiens du temps, et, en outre, l’un des plus influens protégés de Napoléon, qui naguère l’avait nommé historiographe de son royaume d’Italie. Mais, plus passionnément encore, toutes les sympathies allaient à la mariée elle-même. On savait que, élevée auprès de son père depuis sa sortie du couvent, elle avait fait voir de bonne heure