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délibération intime, il n’en est pas un qui ait éprouvé des émotions plus vives et des préoccupations plus profondes que celui qui vous parle. (Mouvement. Très bien !) Qu’est-il sorti de ces délibérations ? La volonté nette et précise de soutenir énergiquement le projet de loi qui vous est présenté. (Vives marques d’approbation.) Un engagement avait été contracté à la face du pays, et un gouvernement s’expose à s’amoindrir le jour où il recule devant l’engagement qu’il a contracté (Vive approbation)... même lorsque ensuite les circonstances semblent impliquer, dans une certaine mesure, l’inopportunité de la détermination. Quoi ! nous tiendrions compte de difficultés passagères destinées à s’évanouir et à s’éteindre plutôt que de les regarder face à face, plutôt que de dire : Allons ! que la liberté soit complète ! que la presse soit libre ! (Approbation.) Nous ne redoutons pas ses dangers. S’ils existaient, nous croyons avoir la force, la volonté, le courage nécessaires pour les surmonter. (Nouvelles marques d’approbation.) Je ne crois pas à l’apaisement des partis ; je crois encore à leur ardeur, je crois encore à leurs espérances ; mais je demeure convaincu de leur impuissance (Approbation)... parce que j’ai confiance dans la force du chef de l’Etat, dans la force de son gouvernement, dans la force de cette majorité qui représente la France entière. (Très bien ! très bien !) Si j’examine la situation intérieure de ce pays, qu’y vois-je donc qui soit de nature à faire redouter les espérances conçues et les calculs prémédités ? (Très bien ! Bravo !) Aujourd’hui, plus que jamais, il faut qu’elle établisse sa solidarité avec le gouvernement. Et je m’adresse à vous, fraction de la majorité, émue comme je l’ai été des difficultés de la situation ; je m’adresse à vous pour vous dire : Ne nous séparons pas ! faisons ensemble cette loi, restons ensemble dans la voie libérale, restons compacts dans cette tentative grandiose, digne de vous et de nous, afin que nous puissions rester compacts et unis le jour où un danger, se levant, menacerait la sécurité publique. (Applaudissemens prolongés.) Nous ne sommes plus au temps où l’Empire était constitué par un élan de la nation, par le souvenir des dangers récens qui avaient bouleversé la société ; nous ne sommes plus au temps où la cohésion était complète. Des générations se sont élevées, elles ont grandi. Interrogez le présent : des 8 500 000 citoyens qui ont voté l’Empire, qui l’ont créé, il y en a à l’heure actuelle près de 4 000 000 couchés dans la tombe. Oh ! c’est que le temps marche,