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en travail mécanique, devaient inspirer l’idée de substituer à la vapeur saturante qui actionne les moteurs à vapeur proprement dits, vapeur dont la température est forcément contenue dans des limites assez étroites, des gaz véritables tels que l’air ou la vapeur d’eau surchauffée : on peut, en effet, porter facilement un gaz à telle température que l’on veut. Aussi, Séguin, Siemens, Ericsson, Laubereau, etc., ont attaché leurs noms à l’invention de moteurs, les uns à vapeur surchauffée, les autres à air chaud. Mais ce dernier gaz, surtout à cause de la lourdeur, inévitable, des moteurs qu’il actionne, n’a pas donné les résultats que l’on espérait, et, quant à la vapeur surchauffée, les moyens de la produire étaient plus qu’insuffisans. C’est alors qu’Hugon d’abord, Lenoir ensuite, eurent l’idée de recourir aux moteurs à explosion, que l’on a fort improprement appelés, pendant longtemps, moteurs à gaz, de même que les moteurs à vapeur surchauffée sont, fort malencontreusement, désignés sous le nom de moteurs à vapeur. L’invention, par M. L. Serpollet, en 1887, de la chaudière à vaporisation instantanée devait évidemment avoir pour effet de remettre en honneur les moteurs à gaz ou, plutôt, à vapeur surchauffée. Depuis plusieurs années, circulent des voitures munies de ces chaudières ; mais, en réalité, ce n’est que depuis cinq ou six ans, c’est-à-dire depuis qu’il a trouvé le moyen de remplacer le coke, combustible encombrant et malpropre, par l’huile lourde de pétrole, d’un rendement calorifique d’ailleurs deux fois plus considérable, que M. L. Serpollet s’est occupé sérieusement d’appliquer la vapeur surchauffée à l’automobilisme sur routes.

Rien de plus simple, de plus solide, de plus doux et de plus silencieux que son moteur actuel à quatre cylindres, qui, une fois en marche (et la mise en marche n’exige pas plus de six minutes), ne donne guère plus de souci que s’il était à essence. Rien de plus souple, aussi, car sa puissance peut varier dans le rapport de 1 à 10 et même, dans un coup de vitesse, de 1 à 20, tandis que dans un moteur à pétrole, elle varie, avec peine, de 1 à 4. Aussi, un moteur Serpollet, d’une puissance moyenne de 12 chevaux, a-t-il pu facilement développer, à un moment donné, pour faire du 120 à l’heure, 80 chevaux au moins.

La nouvelle chaudière, avec ses tubes de 10 à 22 millimètres de diamètre, est aussi peu encombrante que possible. Par sa nature même elle n’exige, on le sait, aucune surveillance spéciale