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du Comité de Salut public, Chepié se fit l’avocat de Challemel auprès du Comité ; il apaisa les colères de ses collègues en leur donnant l’assurance que « le préfet déclarait que les élections seraient faites dans le sens révolutionnaire, en dehors de toutes les lois antérieures. »

Le préfet ne protesta pas, et son silence diplomatique, sans rien engager, laissa croire qu’en effet les électeurs lyonnais étaient appelés à nommer une Commune autonome.

Le 16 septembre, les élus de la veille tirent leur entrée à l’Hôtel de Ville et interrompirent brusquement la dernière séance du Comité de Salut public.

Les nouveaux conseillers, soit qu’ils eussent fait partie du Comité, soit qu’ils fussent nouveaux venus à l’Hôtel de Ville, arrivaient en majorité avec la prétention de n’être pas soumis aux lois de l’Empire, tombées, disaient-ils, avec le régime déchu. Dès leur première séance, par une acceptation pure et simple de la succession de leurs prédécesseur ils votèrent une résolution aux termes de laquelle « les actes du Comité de Salut public auraient force de loi pour la Commune de Lyon et seraient exécutés sans être jamais discutés. »

Sous peine de perdre le peu d’influence qu’il avait péniblement acquise, le préfet fut contraint de faire à cet état d’esprit de regrettables concessions, parmi lesquelles la plus apparente, sinon la plus redoutable, fut celle du drapeau rouge. Néanmoins, le pouvoir dictatorial de la Commune avait pris fin avec l’Assemblée révolutionnaire ; l’effet des lois se faisait sentir à ceux mêmes qui en niaient l’autorité, et ce n’est pas du Conseil municipal élu le 15 septembre que vinrent les principales difficultés contre lesquelles, durant de longs mois, les fonctionnaires du gouvernement de la Défense nationale eurent encore à soutenir une lutte de tous les instans.


LOUIS ANDRIEUX.