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LA
JAPONISATION DE LA CHINE

La guerre russo-japonaise aura d’étranges conséquences : la Russie, qui en est la victime, la Chine, qui en est l’enjeu, en subissent déjà l’une et l’autre le contre-coup jusque dans les moelles de leur organisme social ; elles en sont ébranlées jusque dans les fondemens de leur vie nationale. Pour l’une et pour l’autre la guerre sera la cause, en tout cas le signal d’un bouleversement profond dans leur constitution et dans leurs destinées. La guerre aura été ainsi, une fois de plus, le ressort puissant dont le déclanchement soudain précipite les révolutions et propage au loin leurs effets ; une fois de plus, la réalité brutale de l’histoire aura répondu aux illusions pacifistes des révolutionnaires.

Ces révolutions, dont nous constatons les prodromes en Russie comme en Chine, il est curieux d’observer que, dans l’un et l’autre pays, si elles s’accomplissent suivant des modes différens, elles aboutiront cependant à certaines conséquences de même nature : les barrières séculaires qui séparent l’Empire du tsar comme celui du Fils du Ciel des pays qui les avoisinent vont s’abaisser et disparaître. Il est dangereux pour un peuple, par ce temps d’impérialisme agressif, de ne pas ressembler aux autres et de s’obstiner à faire figure à part. On peut prévoir que la Russie va se débarrasser de tout ce qui reste d’asiatique et d’archaïque dans son gouvernement et dans ses mœurs, pour se mettre à