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de la Revue notre œuvre de conciliation internationale. Vous l’avez recommandée, à votre façon. Je ne m’en plains pas ; mes amis et moi, nous ne craignons ni la discussion, ni la lumière ; nous ne craignons que l’ignorance. Je suppose que le mot « mensonge » vous aura fourni l’avantage d’un titre retentissant, mais j’attendais mieux, je l’avoue, du directeur de la Revue des Deux Mondes, et je ne vois pas trop ce que vous pouvez reprocher maintenant aux politiciens. Je m’étonne aussi que vous ayez mutilé le texte de notre programme, alors qu’il était si simple de le livrer au jugement de vos lecteurs et de le discuter ensuite, selon la bonne méthode critique élémentaire. Vous êtes trop ardent : quel dommage que vous ne soyez pas député !

Voyez combien mon état d’esprit diffère du vôtre et comme je sais vous rendre justice : je ne dirais jamais que vous êtes « l’un des esprits les moins justes que j’aie rencontrés ; » je dirais, au contraire, que j’en ai rencontré beaucoup comme le vôtre, et tellement que je serais embarrassé pour faire un choix.

Mais, encore une fois, je ne me plains pas de vos attaques ; je m’en félicite, et mes amis pensent de même ; Frédéric Passy vous répond pour eux ; moi, je réponds comme président du Comité de conciliation internationale et pour défendre la « grande œuvre du sénateur, baron, etc. » Je serais bien difficile si je me plaignais ; votre article est un très bon signe ; il atteste notre vitalité ; plus vous élèverez la voix, plus vous éveillerez l’attention. La Revue des Deux Mondes en profitera, c’est possible, mais notre Comité encore plus.

Personnellement aussi je suis heureux de l’occasion que vous me donnez de publier dans la Revue la conclusion de mes études d’il y a bientôt dix années. Car je ne vois pas clairement la cause de votre indignation actuelle ; les idées que vous condamnez aujourd’hui ne sont que le développement de celles que j’exposais le 1er avril 1896 et le 15 juillet 1897 dans deux articles de la Revue des Deux Mondes auxquels je prie le lecteur de bien vouloir se reporter.


Vos argumens, monsieur le Directeur, je les connais de longue date ; ils sont de tous les temps et même de tous les pays ; vous êtes internationaliste sans le savoir. Partout et toujours nos adversaires ont employé et emploient les mêmes procédés pour nous combattre ; ils ne discutent pas nos idées, ils les déforment ; ils en présentent la caricature et c’est sur cette caricature qu’ils s’escriment triomphalement. Vous semblez ignorer les questions et les hommes ; votre documentation est nulle ; vous n’avez certainement pas lu un seul de nos