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Mystère irritant surtout pour nous, Français, dont l’histoire fut si souvent mêlée à celle de ces régions enchanteresses et perfides !

Dès le XVIIIe siècle, l’abbé Saint-Non, en publiant, avec Hubert Robert, Fragonard, Denon, le Voyage pittoresque de Naples et de Sicile, avait rappelé l’attention sur quelques monumens. En 1812 et 1813, Millin, le curieux sagace à qui nous devons les précieux souvenirs de nos Antiquités nationales, ayant perdu, dans un incendie, sa bibliothèque et ses papiers, pour s’en consoler par une activité utile, se remit, avec plus de science, sur les traces de Saint-Non. De 1839 à 1844, enfin, grâce au patronage libéral du duc de Luynes, Huillard-Bréolles et Baltard purent mettre au jour leur grand in-folio illustré : Recherches sur les monumens des Normands et de la dynastie des Souabes. Grâce à la même protection, en vue d’une publication plus complète, en 1849, le jeune architecte Charles Garnier explora la Fouille et la Terre de Bari. Cette fois, ce fut le duc que frappa brusquement la mort. Les aquarelles de Garnier dorment, trop ignorées, dans la bibliothèque du château de Dampierre ; ses croquis, heureusement, peuvent être consultés à l’Ecole des Beaux-Arts.

C’est avec la connaissance et le respect de tous ces précédens qu’Albert Dumont, le premier directeur, le vrai fondateur de l’École française d’archéologie à Rome en 1873 (d’abord simple succursale de l’École d’Athènes), érudit ardent, aussi passionné pour l’art que pour l’archéologie, attira, de suite, l’attention des nouveaux pensionnaires sur toutes les questions relatives à l’Italie méridionale, notamment sur celle de ses rapports avec l’Orient. La question fondamentale était, en effet, la question byzantine. L’abbé Duchesne (aujourd’hui Mgr Duchesne, directeur de l’École) et M. Bayet donnèrent l’élan par leur Mission au Mont Athos. M. Bayet, quelques années après, prenait plus complète possession de ce domaine par ses Recherches sur l’histoire de la Peinture et de la Sculpture en Orient, et son manuel de l’Art byzantin. A leur suite, concentrant cette fois leurs recherches sur l’Italie, MM. Paul Durrieu et Diehl, publièrent l’un ses Archives angevines de Naples, l’autre son Administration byzantine dans l’Exarchat de Ravenne, et son Art byzantin dans l’Italie Méridionale. Vinrent ensuite le regretté Cadier (l’Administration du royaume de Sicile sous Charles Ier et Charles II d’Anjou) ; M. Enlart (les Origines françaises de l’architecture gothique en Italie) ; M. Georges