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indispensables au logement et au service à la mer. Elle fut adoptée en Angleterre sur la Dévastation, le Dreadnought, le Rupert, le Glatton, etc.

Les deux, solutions, bien que tendant à se rapprocher à quelques égards, différaient par un caractère fondamental : la destruction des tôleries légères au cours d’un combat modifiait la stabilité, très profondément dans la première, d’une manière insignifiante dans la seconde. La première solution donnait des navires plus marins et préférables pour la navigation courante en temps de paix ; mais la seconde assurait mieux la sécurité après avaries de combat.

Dans le premier cas comme dans le second, la ceinture de plaques verticales fut surmontée d’un pont blindé, constituant avec elle une sorte de caisson renversé ou de carapace complète et continue.

Le cuirassement horizontal est nécessaire à divers points de vue. Il protégerait contre les coups plongeans dans le cas très rare d’un combat bord à bord. Il sert contre les projectiles lancés à longue distance, avec lesquels il faut au contraire toujours compter, et qui pourraient descendre très bas, en vertu de leur angle de chute, sur un navire pris d’enfilade. Il est enfin l’unique défense contre le tir en bombe, auquel aucune cuirasse verticale n’oppose d’obstacle, quelle que soit sa hauteur au-dessus de la flottaison. Ces différens buts à atteindre n’imposent pas, d’ailleurs, de position particulière au pont blindé.

Dans l’une comme dans l’autre des deux premières solutions envisagées, l’emplacement choisi pour le pont blindé laissait à la ceinture cuirassée toute la charge de protéger les parties vitales du navire, chaudières, machines, soutes à munitions. Tout coup de perforation pouvait être un coup mortel. Un progrès de l’artillerie faisait passer la flotte cuirassée d’un état de puissance défensive satisfaisant à un état d’insécurité redoutable. De là, toute l’âpreté de la lutte engagée entre le canon et la cuirasse.

À côté des divers genres de navires blindés, la période antérieure à 1870, dont nous nous occupons ici, vit naître, comme classe accessoire, un modèle tout nouveau de bâtimens, succédant aux anciennes corvettes en bois moins rapides que les cuirassés contemporains, dont l’Alabama et le Kearsage ont été des spécimens particulièrement célèbres. C’étaient de grands croiseurs