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construction ; une fois défrichées, elles se prêtent à la culture de toutes les plantes tropicales, du cacao, de la banane, des palmiers. A moyenne altitude, sur les versans et les terrains des montagnes tournés vers la mer, il fait à la fois moins humide et moins chaud ; couvertes encore de beaux arbres, ces terres tempérées sont propres à la production du café, du coton, du tabac, de l’oranger. La diminution simultanée de l’humidité et de la température continue à mesure qu’on s’élève sur les hauts plateaux du centre et du Sud : l’Anahuac et les régions voisines, bien qu’en partie déjà comprises dans les « terres froides, » ne le sont que par comparaison avec les parties plus basses du Mexique : mais légalité de leur température, l’atténuation des extrêmes, une moyenne annuelle égale à celle du midi de la France et de la Haute-Italie les rendent vraiment dignes du nom de tempérées. C’est la zone des cultures vivrières, du maïs et du haricot, — les principaux alimens du Mexicain, — de toutes les céréales, de l’élevage. La plupart des plantes de l’Europe occidentale et méridionale peuvent y prospérer, malgré les différences climatériques qui se manifestent, non dans la température moyenne, mais dans l’adoucissement de l’hiver et dans l’humidité de l’été coïncidant avec la saison des pluies.

Terres chaudes, terres tempérées, terres froides sont ainsi, dans le centre et le Sud du Mexique, d’une fertilité presque égale pour des cultures très diverses, et il n’est pas douteux qu’elles ne se prêtent à un très riche développement agricole. Au Nord de la République, les deux cinquièmes environ du territoire ne sont malheureusement pas aussi favorisés. L’insuffisance des pluies en fait le prolongement de la zone aride, qui couvre aux États-Unis toutes les Montagnes Rocheuses et même l’Ouest des grandes plaines du bassin du Mississippi. Au Mexique, les côtes orientales restent toujours suffisamment arrosées ; mais certains des bords du Pacifique et du golfe de Californie ne reçoivent pas assez de pluies. Au Nord du tropique du Cancer, de forêt vierge luxuriante, la terre chaude s’y transforme ensables et en rochers brûlans. Les plateaux des États de Sonora, de Chihuahua, de Coahuila ne méritent plus le nom de tempérés que par la moyenne de leur température annuelle ; comme ceux de l’Arizona et du Nouveau-Mexique, auxquels ils vont se souder au-delà de la ligne idéale de la frontière, ce sont des steppes, voire des déserts, suffocans en été, souvent glacés en hiver qui rappellent les hauts