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qui reste tributaire de notre législation civile. Cette législation devrait avoir des clauses bien scabreuses pour lui ravir le droit et le dispenser du devoir de se préoccuper de son avenir, en utilisant les moyens offerts à tout le monde.


Si nous avons esquissé l’historique des pensions et secours ecclésiastiques, c’était pour montrer que la législation canonique ne s’était pas préoccupée d’une façon précise de l’avenir des ecclésiastiques. Les circonstances ne semblaient pas d’ailleurs pousser le clergé à avoir des craintes à cet égard comme il peut en avoir aujourd’hui. Nous avons voulu montrer aussi que les régimes d’exception sont aléatoires et qu’au point de vue qui nous occupe, le clergé n’a pas eu les garanties qu’on lui avait laissé entrevoir. C’est donc vers d’autres horizons que doivent se tourner les regards des prêtres à un moment où l’on rompt les attaches de l’Eglise et de l’Etat. Il semble que le droit commun puisse seul donner aux prêtres, au sujet de l’organisation des pensions et des secours, les assurances conformes à leur dignité. Nous voyons d’ailleurs dans la création des caisses de retraites mutuelles diocésaines une véritable organisation professionnelle Les meilleurs esprits catholiques sont très partisans, non pas de reconstituer les anciennes corporations, — ce serait là une prétention puérile et irréalisable, — mais de grouper les travailleurs par métier. Ces groupemens seraient chargés de procurer à leurs membres tous les services qui leur seraient nécessaires : défense de leurs intérêts économiques, arbitrage, constitution de caisses de crédit, de chômage, de secours, de retraites, coopératives, etc. Pourquoi, dans cette magnifique conception de l’organisation du travail, laisser de côté ces milliers d’ecclésiastiques dont l’existence est rivée au plus sublime des métiers : la formation des âmes, le développement des énergies, l’élévation des cœurs vers les suprêmes espérances ? Le sacerdoce n’est-il pas une profession, la plus haute et la plus noble des professions, puisqu’elle met directement l’homme en contact avec Dieu ? C’est pourquoi l’on ne saurait trop l’entourer de toutes les garanties de la législation humaine et du droit commun.


E. DEDE.