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LA CONFÉRENCE D’ALGÉSIRAS


Dans quelques jours, la Conférence internationale d’Algésiras tiendra sa première séance ; l’attention universelle se tournera vers la petite ville espagnole, où les représentans des grandes puissances, assis autour du modeste tapis vert de la junte municipale, en face du rocher menaçant de Gibraltar et en vue du « nébuleux Atlas, » délibéreront sur les destinées du Maroc. Mais plus encore que ces débats diplomatiques, c’est leur répercussion sur la politique générale de l’Europe qui déjà préoccupe l’opinion ; plus que les paroles échangées et les protocoles signés, ce sont les intentions sous-entendues et les désaccords soupçonnés qui provoquent l’inquiétude. Le Maroc est l’objet de la Conférence, mais ses décisions déborderont le cadre restreint de la question marocaine, ou plutôt, c’est la question marocaine elle-même à qui les événemens de ces derniers mois ont donné tout à coup une ampleur inattendue.

Il est délicat de parler aujourd’hui des incidens qui sont venus compliquer la question marocaine et qui se sont envenimés jusqu’à faire craindre pour la paix de l’Europe ; mais si l’on n’en parlait pas, il serait impossible d’expliquer pourquoi la France va à la Conférence d’Algésiras, quels intérêts M. Paul Révoil est appelé à y défendre, et quelles conséquences redoutables pour notre vie nationale en peuvent sortir. Toutefois, s’il est devenu impossible de séparer l’avenir du Maroc des