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fatigue d’être sublime, dans la tension de cette vie de labeur, de foi et de désintéressement ?

Parmi les ouvrages originaux de l’année, il faut mettre encore en première ligne la magnifique publication de M. de Nolhac sur les Jardins de Versailles[1], sur tout ce solennel ensemble de plantations régulières, de bosquets, de pièces d’eau et de bassins de bronze et de marbre qu’ennoblit encore un assemblage merveilleux, un incomparable groupement de chefs-d’œuvre de la sculpture française dans sa robuste originalité et sa fi ère élégance. La grandeur d’un règne, la volonté d’une direction unique s’y manifestent dans la majesté de l’œuvre tandis que la puissance des décorateurs éclate dans les moindres détails et force l’admiration. Cette harmonie générale, cette relation étroite entre le décor et le cadre, cette adaptation parfaite de l’architecture au milieu, de l’ornementation à la construction, du dessin des parterres et tapis verts et du canal à la perspective, c’est bien l’impression qui naît de l’examen de ces deux cent cinquante gravures tirées en deux tons, — qui conviennent surtout pour donner l’idée juste et l’impression exacte des bronzes et des marbres, — et dont beaucoup représentent les créateurs, les architectes et les sculpteurs des jardins de Versailles et de ses aspects aux diverses époques.

Dans les Coins de Paris[2], c’est tout un voyage dans le passé, mais depuis les origines de notre histoire et jusqu’à nos jours, que nous pouvons entreprendre en admirant, chemin faisant, avec un guide toujours bien informé, des merveilles qui en font une ville incomparable.

Le volume sur les Colonies françaises[3], qui est le sixième de la Géographie pittoresque et monumentale de la France[4], publiée sous la direction de M. Charles Brossard, complète cette superbe collection, à laquelle ont collaboré les savans, les géographes, les voyageurs et les explorateurs les plus autorisés, et qui est aussi appréciée pour la-sûreté de son information, la précision des détails, des statistiques et des descriptions que pour le choix, l’élégance, la sincérité et la fraîcheur des planches dues à M. A. Slom, qui s’est chargé d’exécuter la totalité des aquarelles semées dans l’ouvrage. Plus de six cents gravures donnent la vue la plus exacte des sites les moins connus, de nos colonies, de l’infinie variété de leurs paysages, et de leurs habitans, comme de leurs ressources. C’est une véritable leçon d’histoire et de géographie de la France et de la plus grande France, en même temps

  1. Manzi et Joyant.
  2. Flammarion.
  3. Flammarion.
  4. Flammarion.