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LES
TRANSFORMATIONS DE L’AGRICULTURE

III[1]
LES SYNDICATS AGRICOLES


X. — SYNDICATS AGRICOLES : ORIGINE, NOMBRE, CLASSEMENT

Les lois, comme les livres, ont leurs destins, et il n’appartient qu’à un petit nombre d’hommes d’État de déterminer leurs effets dans l’avenir, d’avoir raison et de deviner qu’ils auront raison pendant deux ou trois siècles, cette éternité politique. Princes et ministres, assemblées parlementaires et foules populaires ne prévoient guère les conséquences de leurs actes : ils vont au plus pressé, se préoccupent d’aujourd’hui, de demain, recherchent un succès immédiat, personnel, et ne s’inquiètent point des lointains résultats, tantôt moutons de Panurge, tantôt lancés éperdument dans la voie des présomptueuses audaces, souvent aussi paraphrasant le mot connu : « Cela durera toujours autant que moi ! » Par instans, on dirait qu’ils jouent à qui perd gagne, qu’ils comptent sur la collaboration de Sa Sacrée Majesté le Hasard : et il est vrai que ce même hasard influe aussi sur le sort des lois, ordonnances et décrets ; comme dans la parabole divine, beaucoup de bonnes semences tombent sur la route, sur un sol rocailleux, stérile, et ne fructifient point. Mais il y a aussi le bien joué, la stratégie en

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1904 et du 15 juillet 1905.